0122704/07/1921POITIERS
La Compagnie des tramways électriques de Poitiers a fait remettre à chacun de ses employés une note de service conçue en ces termes :
« Le Conseil d’administration a le regret d’informer le personnel que, n’ayant pu trouver les ressources qui lui sont indispensables pour lui permettre de poursuivre son exploitation, la ville refusant son aide financière, la Cie ne pourra continuer le service des tramways à partir du 1er août prochain.
« En conséquence, les agents de toute catégorie sont avisés qu’ils cesseront d’appartenir à la Cie à partir de cette date.
Paris, le 1er juillet 1921
Signé P. de Magnin
Cette mesure est extrêmement grave : 55 familles de braves agents, tous ou presque tous poitevins, vont être, du jour au lendemain, privés de leur gagne pain.
La mesure que, de gaité de cœur, la Cie de Tramways vient de décider, prend allure d’une manœuvre de pression sur la Ville pour l’amener à lui accorder les 230.000 fr. qu’elle lui réclame.
Les poitevins n’ont pas oublié les constatations faites par M. Rasquier, dans le clair et précis rapport dont il donna lecture au Conseil municipal au nom de la Commission des Finances : la Cie des tramways a dans un précédent exercice fait 265.000 francs de bénéfices ; 165.000 francs tout au moins, que ceux-là elle ne peut nier. Alors ! Alors, son devoir serait peut-être de les employer à liquider sa dette.
La Compagnie oublie d’ailleurs trop souvent que durant la guerre, de 1914 à 1917 tout au moins, elle a fait des bénéfices importants : le trafic était plus intense que jamais et elle avait un personnel composé de femmes et de jeunes gens qui ne recevaient qu’un salaire modeste.
D’autre part la Cie annonce qu’elle s’adressera au Conseil de Préfecture pour lui demander d’imposer à la ville de Poitiers de l’aider à supporter les charges extracontractuelles qui lui viennent de l’avantage concédé à la Cie du gaz par le tribunal de commerce. Avant de recourir à une mesure aussi grave que celle du licenciement de ses ouvriers et employés elle aurait pu attendre la décision du Tribunal administratif.
La Cie parle enfin de ses droits ; n’a-t-elle pas des obligations ?
Le devoir de la Municipalité, en l’espèce, nous paraît être de se faire l’arbitre entre la Cie du gaz et celle ces tramways ; elle peut aisément obtenir des concessions de part et d’autre et possède assez d’arguments pour arriver à un accord qui ménage les intérêts des parties en cause, sans avoir pour cela à entraîner les finances municipales dans une aventure.
En attendant une solution, que nous voulons attendre heureuse, nous conseillons vivement au personnel des Tramways de ne rien perdre de son calme et de conserver l’espoir de tout s’arrangera.
Fernand Viaux
le 20/05/2020 à 11:50
Source : L'Avenir de la Vienne
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