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1247114/09/1984POITIERS

L'UNION RÉGIONALE CGT À NIORT : PLUS PARTENAIRE QUE REVENDICATIVE

« Nous plaçons notre action sur un terrain essentiellement syndical ». En disant cela hier après-midi lors d’une conférence de presse de rentrée qui s’est tenue à Niort, Jean-Pierre Jallais, secrétaire de l’Union régionale CGT, entendait se démarquer fermement des actuelles tensions entre le PC et le PS et refuser d’entrée de jeu toute accusation de complicité avec un parti auquel on lui reproche souvent d’être inféodé.

Pour la CGT, il y a un mécontentement parmi les salariés et ce mécontentement repose sur des faits réels qui ont nom chômage et menaces sur l’emploi, baisse du pouvoir d’achat. Aux préoccupations anciennes comme Moreau, en Charente, les chantiers navals à La Pallice, Fenwick à Châtellerault, s’en ajoutent de nouvelles comme Hutchinson, Jeager à Châtellerault, ROL à Niort. Autant d’entreprises où l’on a annoncé des réductions d’effectifs (quand on n’a pas fermé la boutique), ou sur lesquelles planent des menaces sérieuses.

Du côté des salaires, la CGT affirme que dans bien des professions ils sont inférieurs au SMIC et « le patronat mijote un salaire minimum jeune qui serait inférieur au SMIC, ce qui constituerait une injustice flagrante » dit Jean-Pierre Jallais. « On ne serait pas des syndicalistes si on ne faisait pas des salaires notre obsession » dit encore Jean-Pierre Jallais. Et sa centrale syndicale annonce pour la période de septembre à décembre une série d’actions dans les entreprises pour l’ouverture de négociations salariales avec les dirigeants. La loi fait en effet obligation aux patrons d’entreprises de plus de cinquante salariés de négocier les salaires chaque année avec le personnel or, selon la CGT, en 1983, seulement 10 % des entreprises de Poitou-Charentes ont respecté cette loi. Dans les entreprises, les militants CGT vont se livrer à un travail de fourmi en prenant le bulletin de salaire de chaque membre du personnel et en le comparant avec ce qu’il devrait être en fonction de la classification de son détenteur.

« Où est passé l’argent des CODEVI ? »

Sur un plan économique plus général, la CGT estime que le budget 1985 est désastreux notamment parce qu’il prévoit la baisse du pouvoir d’achat des fonctionnaires et la diminution de leur nombre. « Ces mesures vont immanquablement rejaillir sur l’ensemble du secteur privé » prédit Jean-Pierre Jallais. En Poitou-Charentes on recense 70.000 chômeurs pour 450.000 actifs, et la pente sur laquelle s’engage le gouvernement est dangereuse dit la CGT. « Nous ne voyons pas utilisés les fonds publics collectés, par les CODEVI : 566 millions de francs ont été placés sur ces livrets de janvier à juin 1984 dans la région et l’on ne sait pas où sont passées les sommes qui auraient dû être affectées au développement des entreprises régionales ».

Abordant le secteur agro-alimentaire le secrétaire de l’Union régionale CGT dénonce la politique des quotas laitiers qui va provoquer la disparition d’emplois dans cette branche et demande que les discussions pour la réduction de la production se fassent individuellement par coopérative : « Si le processus qui risque d’éliminer la moitié des coopératives s’amorce, on pourra dire que la coopération a vécu dans la région ».

Pour le bois qui fait comme le lait, l’objet d’études de la part du Comité économique et social, les perspectives s’annoncent meilleures pense la CGT, parce que les professionnels y ont été mieux associés. Bien que le flou soit maintenu sur le rôle des salariés des entreprises de transformation.

Force de progrès, partenaire, plus que force de revendications, telle apparaît en cette rentrée 1984 la CGT qui sait bien qu’elle ne peut pas compter actuellement sur une mobilisation massive de ses troupes.

Y. F.

 

 

le 14/02/2024 à 17:50

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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