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1249006/10/1984POITIERS

AEF : UN PLAN SOCIAL “RESTE À ÉTUDIER” POUR ACCOMPAGNER LES 133 SUPPRESSIONS D’EMPLOIS

Nous avons annoncé dans notre édition d’hier le projet de suppression de 133 emplois a l’usine AEF de Chasseneuil, sur 425 postes de travail. A l’échelle de l’entreprise, c’est une réduction massive de l’effectif, mais c’est aussi un « coup dur » à l’échelle du bassin d’emploi de Poitiers. Ce projet illustre - mais on s’en serait passé - le problème d’ensemble que connaissent de nombreux secteurs de l’industrie française, et qu’on évoque aujourd’hui sous le terme de « modernisation ». Avec des risques sérieux de conflits sociaux, mais également d’emblée, une mobilisation dans et hors l’entreprise pour trouver des solutions d’accompagnement et un recours à la formation, susceptible d’atténuer les conséquences.

Pour ce qui concerne AEF, en effet, on n’en est pas à la veille de la décision définitive. La direction a remis son projet jeudi aux représentants du personnel, en même temps que la convocation pour le 12 octobre du comité central d’entreprise. Le comité d’établissement de Chasseneuil délibérera quelques jours plus tard. L’employeur aura ensuite un mois de réflexion avant de déposer sa demande de licenciements à la Direction du travail, qui aura elle-même un mois pour statuer.

Le projet de la direction porte précisément sur la suppression de 133 emplois à Chasseneuil dont dix-sept départs en convention FNE (Fonds national de l’emploi) pour les plus âgés, soit 116 licenciements proprement dits ; et treize suppressions de postes, dont quatre FNE, sur les 76 emplois que totalisent les autres établissements (région parisienne notamment). Il s’accompagne d’un « plan social » fait de propositions « qui restent à étudier » précise la direction.

Il pourrait s'agir : de primes supplémentaires au départ pour les travailleurs immigrés ou ceux qui voudraient créer une entreprise ; de départs en formation auxquels l’entreprise « serait prête à contribuer » ; et de formules de travail à temps partiel. Par contre, les équipes étant déjà 35 h 50 par semaine, la direction n’envisage pas une réduction du temps de travail.

Moderniser dans la crise

Le directeur général, M. Huguenin, nous a expliqué ce qui amène à cette mesure draconienne.

Le groupe AEF fabrique chemises et piston pour moteurs automobiles et autres engins. Son volume d’activité est inférieur actuellement à ce qu’il était il y a quatre ans et l’entreprise a subi ces dernières années des pertes « assez sévères ».

« Il est impossible de continuer ainsi, c’est ce danger que nous voulons montrer. On ne retrouve plus dans le couple volume-prix de vente de quoi compenser l’augmentation des charges et notamment de l’aluminium. Pour être rentables et compétitifs, il nous faut rompre avec les méthodes traditionnelles de fabrication et accroître la productivité par l’automatisation et la robotisation... ».

Sur un marché en expansion, l’emploi ne ferait pas forcement les frais d’une telle modernisation. Mais le marché d’AEF, celui de l’automobile en particulier, est plutôt en régression. Sans réduction d’effectif en contrepartie de la modernisation, « notre avenir serait en péril » insiste M. Huguenin.

AEF a commencé de se moderniser, mais il reste beaucoup à faire. Le groupe dont elle dépend (à capitaux britanniques) « est prêt à conserver toute sa confiance » à AE France, qui a élaboré une solution technique et financière à son grave problème. Plusieurs dizaines de millions de francs d’investissements seraient réalisés dans les dix-huit mois, financés en grande majorité par le groupe, mais aussi par un emprunt espéré sur place.

L’entreprise ajoute un volet social qui reste donc à étudier et discuter. « Elle a fait le maximum pour expliquer cette situation » ajoute le directeur général qui conclut, à l’évocation d’un éventuel blocage syndical : « Une telle réaction serait littéralement suicidaire ».

La CFDT pour une solution “humaine”

Le volet social implique à l’évidence les pouvoirs publics. Saisis du problème AEF, de même que les élus locaux, ceux-ci pourraient également intervenir plus en amont, par exemple au niveau des gros clients d’AEF comme la Régie Renault.

Côté syndical, nous indiquions hier la détermination de la CGT à s’opposer au projet de licenciement et son appel à la fois aux pouvoirs publics et à la mobilisation du personnel.

La section CFDT d’AEF s’est exprimée à son tour pour demander « qu’une rencontre soit organisée entre les syndicats, la direction et les pouvoirs publics ». Elle propose que soit étudiées les solutions suivantes : « Un plan de formation, la réduction du temps de travail et le temps partiel pour les volontaires, et la charge de travail. La CFDT engagera toutes les rencontres nécessaires auprès des pouvoirs publics – ministère, préfecture, inspection du Travail - pour qu’une solution humaine soit trouvée pour l’ensemble des travailleurs de cet établissement ».

 

 

le 14/02/2024 à 20:15

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

métallurgie, licenciement, plan social, patronat

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