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1249913/10/1984POITIERS

ANDRÉ BERGERON DE PASSAGE À POITIERS

“On va trop loin dans le tassement des salaires”

Secrétaire général de Force Ouvrière, André Bergeron s’est arrêté hier à Poitiers (il préside aujourd’hui à Rochefort le congrès de l’UD-FO de Charente-Maritime), pour intervenir dans une session de formation réunissant une quarantaine d’administrateurs des Caisses primaires d’assurance maladie et des Caisses d’allocations familiales de Poitou-Charentes et Limousin. Pour la presse, il a traité de l’actualité générale et la question qui retient actuellement le plus son attention est celles des salaires.

Sans se faire l’avocat d’une relance par la consommation, M. Bergeron estime que le gouvernement va trop loin dans l’autre sens : « On a perdu le sens de la mesure et on va trop loin dans le tassement des salaires, de sorte que je crains l’aggravation du chômage. La semaine dernière, les ASSEDIC ont enregistré 85.000 nouvelles demandes d’allocations, les 100.000 demandes hebdomadaires sont en vue. Considérez que nous sommes déjà 3 millions de chômeurs, en privé c’est un chiffre qui n’est pas contesté compte tenu des personnes que la statistique ne retient pas, comme celles qui sont en formation... ».

Il s’inquiète de « l’accumulation de mécontentements et de tensions de toutes sortes » et considère qu’à persévérer dans cette voie, le gouvernement prend le risque de voir éclater des « mouvements non contrôlés : les gens n’accepteront pas une éternité ce qu’on leur impose ».

Le grand débat consiste pour lui à savoir si cette politique salariale est inéluctable.

Pour moderniser notre industrie ? C’est une nécessité, répond A. Bergeron, « mais pour les pays voisins aussi, et on gaspille actuellement une somme fantastique d’énergie à se concurrencer ».

Dans la fonction publique où les rémunérations de départ son souvent autour du SMIC, ce tassement atteint 5 % en niveau sur 1983-84, soit une perte « jamais connue depuis la baisse de 10 % des traitements en 1935 ».

Les fonctionnaires FO sont appelés à réagir par la grève le 25 octobre en se réunissant dans leurs unions départementales. La question est d’autant plus grave que le privé prendra exemple sur l’État pour en rajouter encore en matière de salaires ».

A cette situation s’ajoute « l’anémie de la vie sociale et le dépérissement de la politique contractuelle, la différence depuis 1981 étant que nous ne parvenons plus à négocier et conclure ». Une situation dans laquelle FO « maintient le nombre de ses adhérents mais voit grandir son influence, comme le montreront les élections à la MSA et dans l’Éducation Nationale ».

M. Derlin : pas de rationnement des soins

Les deux journées de formation des administrateurs FO des organismes sociaux étaient animées par M. Maurice Derlin, président depuis 1967 de la Caisse nationale d’assurance maladie.

Avec André Bergeron, il trouve « très optimiste » les propos de M. Bérégovoy sur l’équilibre de la Sécurité sociale. « Les difficultés ne sont pas résolues, du fait des prolongements de toutes natures de la crise, à commencer par la perte de cotisations dues au chômage ».

Pour ce qui concerne les hôpitaux, « dont les moyens sont réduits par le budget global généralisé en 85, on atteint la frontière de ce qu’il ne faudrait pas dépasser sous peine de mise en cause de la qualité des soins ». Dans le courant de l’année prochaine, selon M. Derlin, les hôpitaux paieront leurs fournisseurs avec un retard de 8 à 14 mois « et dès maintenant certains ne paient plus les cotisations URSSAF ou de retraite pour leurs agents (celui de Tours est dans la pire des situations) ».

Or, les organismes sociaux « ne veulent pas être les gendarmes des hôpitaux. Nous ne voulons pas d’un rationnement des soins et ce n’est pas par un décret qu’on maîtrisera les coûts ».

Une meilleure utilisation des sommes consacrées à l’Assurance maladie passe pour le président de la CNAM, « par des rencontres fréquentes et loyales avec nos partenaires ». Il se félicite des bons rapports entretenus avec les professionnels de santé et se déclare persuadé que les médecins « sont prêts à jouer le jeu de la maîtrise des actes et des prescriptions ».

Il déplore par contre que le gouvernement « cherche de plus en plus à gêner les conseils d’administration par des mesquineries et leur faire porter la responsabilité des problèmes... ».

Photo : André Bergeron et Maurice Derlin, hier au « Novotel »

 

 

le 22/02/2024 à 10:32

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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