0124512/10/1921LOUDUN
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La semaine dernière M. le sous-Préfet de Loudun, prenant argument de la baisse appliquée à Poitiers, d’abord puis à Châtellerault, invitait M. le Maire de Loudun à taxer le prix du pain à un franc le kilo. La Municipalité prit un arrêté dans ce sens le 7 octobre.
La nouvelle taxe ne fut pas du goût des boulangers de Loudun qui, réunis dimanche chez l’un d’eux, décidèrent de ne pas l’accepter et de faire grève. Ils se refusèrent à s’incliner devant les conseils des pouvoirs publics.
En présence de cette décision M. Tomasini et M. Le Maire de Loudun prirent les mesures que nécessitaient la situation et se préoccupèrent d’assurer le ravitaillement de la population.
Pendant que M. le Maire de Loudun envoyait à Poitiers un camion, accompagné d’un agent de police, et chargé de ramener de cette ville et d’autres localités, 1.500 kilos de pain, M. le sous-Préfet s’adressait d’une part à la sous-intendance de Châtellerault et d’autre part entrait en négociation avec la Coopérative des cheminots de Poitiers.
Le camion municipal, parti dans la nuit de dimanche à lundi, revenait dans la matinée avec un chargement de 1.200 kilos de pain, achetés dans diverses communes et notamment 200 kilos à Poitiers.
De son côté M. le sous-Préfet obtenait de l’intendance du 9e corps 1.500 kilos qui arrivaient à 6 h 1/2 ; il en commandait immédiatement 3.000 kilos pour le lendemain.
La Coopérative des cheminots s’engageait à fournir 1.500 kilos par jour au prix de 65 centimes en gare de Loudun.
M. le Maire de Loudun, sur le conseil de M. Tomasini, s’informait auprès de ses collègues des communes limitrophes des quantités ordinairement fournies par les boulangers de Loudun, s’engageant à en assurer la livraison.
Dès qu’ils eurent vent de la tournure prise par les évènements, les boulangers de Loudun comprirent que la population était trop habilement défendue pour qu’ils puissent tirer profit d’une longue résistance.
Honteux et penauds ils se présentèrent dès lundi 15 heures, à la sous-Préfecture et demandèrent grâce. En présence de M. le Maire un accord fut signé entre les deux parties. En voici les clauses :
1° Les boulangers s’engagent à reprendre immédiatement le travail aux conditions fixées par l’arrêté municipal du 7 octobre ;
2° Les boulangers s’engagent à prendre livraison et à assurer la vente à leur compte, au prix de 1 franc le kilo, de la totalité du pain qui serait expédié le mardi 11 octobre par l’autorité militaire et de celui qui resterait de la vente organisée ce soir lundi par la municipalité, soit 1.300 kilos ;
Ainsi qu’on le voit ces conditions de paix étaient énergiques.
Dès qu’elles furent signé, M. le sous-Préfet s’empressa de les tempérer, en bon administrateur qu’il est, et il demanda à l’intendance du 9e corps si elle consentirait à annuler la commande de 3.000 kilos pour le lendemain mardi. L’intendance acquiesça.
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le 20/05/2020 à 17:56
Source : L'Avenir de la Vienne
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