1257227/11/1984MONTMORILLON
Ce matin, le juge-commissaire du tribunal de commerce de Versailles examinera en audience, le dossier du groupe Omnium financier du meuble, qui a déposé son bilan comme prévu, vendredi. Il aura à prendre une décision, elle devrait être connue rapidement, pour trancher entre la liquidation des usines du groupe, ou l’acceptation du plan de reprise que l’on pense déposer par le groupe Pinault France ; il semblerait que la troisième alternative possible, la nomination d’un syndic, soit exclue dans la situation actuelle, puisque sans argent, sans matière première ni commande, ce dernier serait inévitablement conduit à la liquidation.
Le seul espoir dans l’immédiat pour l’usine Ranger de Montmorillon (celle de Chauvigny serait arrêtée), résiderait donc dans ce plan de reprise, si les négociations entre le repreneur et les actionnaires ont abouti. On croit savoir, en tous cas, que les discussions portent sur une reprise complète de la société et non une prise de participation partielle ; la location-gérance en cours (Ranger n’a toujours pas été racheté par OFM), serait transférée au repreneur.
Ce dont on est aussi maintenant plus assuré, c'est que le nombre de licenciements envisagé sur le plan de reprise, concernerait la moitié de l’effectif soit au moins 300 suppressions d’emplois (sur les 640 employés de Montmorillon et Chauvigny).
Ces chiffres ont été rapportés par le syndicat CGT à la suite d’une entrevue avec M. Cartraud, député et président du conseil régional. Le plan demanderait aussi 150 millions de francs d’argent frais, notamment sous la forme d’un abandon de créance de la part du pool bancaire. Il garantirait, enfin, l’autonomie de l’usine au sein du groupe, qui compte plus de 80 filiales.
Le refus de la CGT
Lors d’une conférence de presse, Jean-Claude Monaury et Marc Laprie, secrétaires de l’Union départementale CGT, ont jugé les propositions du plan de reprise, du moins au vu de ce que l’on pouvait supposer hier, comme « inacceptables ». Le syndicat, ont-ils dit, « ne négociera pas sur cette base ». Il réclamera aujourd’hui, une rencontre avec les pouvoirs publics et le député.
« La responsabilité de la situation, ont dit les représentants de la CGT, incombe autant à la direction qu’aux pouvoirs publics, qui n’ont jamais pris en compte nos propositions ; ont refusé le contrôle financier des fonds publics, sans répondre à notre demande de table ronde, jamais entendue depuis 27 mois que l'usine a été reprise ».
Pour eux, « le député est aussi responsable par « son attitude » en contradiction avec l’intérêt des travailleurs, en disant qu’il n’y a pas d’autre solution que le plan de reprise actuel ».
« Ce n’est pas possible de nous mettre devant le fait accompli » a conclu la CGT, en indiquant qu’un meeting d’information se tiendra aujourd’hui, à 17 heures, sur le parking de l’usine et qu’il y sera proposé « des actions fortes allant jusqu’au blocage de l’usine, pour faire pression, afin de discuter sur d’autres bases ».
“Comment en est-on arrivé là ?”
M. Cartraud nous déclarait hier, à propos de ce projet de reprise et de la « responsabilité des pouvoirs publics » : « Les ouvriers savent très bien quel est l’état de l’entreprise, ils savent que le risque aujourd’hui est celui d’une liquidation. Comment les pouvoirs publics en tant que tels auraient-ils pu intervenir, alors que cette entreprise privée faisait face à ses obligations légales ? Pour ce qui est du contrôle des fonds dits publics ou bonifiés par l’État, ce sont les banques qui veillent aux remboursements ».
Le président du conseil régional se demande aujourd’hui « comment les responsables de l’entreprise ont ils pu laisser la situation se dégrader à ce point ? ». Et d’émettre l’hypothèse, selon laquelle les actionnaires « voulaient peut-être se retirer d’une affaire qu’ils ne maîtrisaient pas, ou sur la conduite de laquelle ils n’étaient pas d’accord ».
En tout cas, pour lui, si les pouvoirs publics « se sont évidemment tenus informés, très informés et ont agi pour faciliter les contacts. ils ne pouvaient pas se saisir du dossier, qui ne pouvait que suivre la procédure normale devant un tribunal de commerce ».
le 23/02/2024 à 09:45
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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