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1258201/12/1984POITIERS

LES “RANGER” ONT MANIFESTÉ DANS LE CALME À POITIERS

Les salariés des usines Ranger de Montmorillon ont manifesté hier matin à Poitiers, puis dans l’après-midi à Montmorillon. Pour la première fois depuis que l’entreprise est à nouveau menacée, ils apparaissaient ainsi publiquement. Mais loin d’une démonstration de colère, ce fut une manifestation calme et particulièrement digne, principalement dirigée vers les banques actionnaires du groupe OFM, ou plutôt leurs succursales poitevines.

Cette « action seulement psychologique » pour l’instant, a-t-elle été entendue à Paris, où se poursuivent les négociations ? En tous cas, dans la soirée d’hier, des informations contradictoires nous parvenaient sur l’évolution des discussions. Pour tout le monde, le temps presse. Et les salariés ne s’exprimeront peut-être pas longtemps aussi dignement qu’hier.

La manifestation d’environ 200 salariés des usines Ranger, hier matin à Poitiers, n’est pas passée inaperçue. Les impressionnants véhicules de l’entreprise ont circulé avec une lenteur calculée en différents points de la ville, stationné en des endroits stratégiques et donné abondamment du klaxon. Mais la démonstration a été remarquée également parce qu’elle tranchait avec les « habituelles » manifestations dans la capitale régionale.

Sans chahut, sans gêne excessive pour la population, les manifestants ont formé des groupes devant chacune des succursales des trois banques actionnaires du groupe : Crédit lyonnais, BNP et Société générale. Les banderoles seules indiquaient leurs sentiments, puisque les dits actionnaires y étaient qualifiés de « fossoyeurs » de l’entreprise.

Ces actionnaires étaient bien la « cible » de l’action d’hier : les responsables des succursales poitevines ont été priés d’informer leurs directions générales respectives, à Paris, de ce qui se passait à Poitiers. Comme l’expliquait un cadre de Ranger : « Nous attendons des banques qu’elles ne lâchent pas l’entreprise au dernier moment, pour des considérations peut-être étrangères à Ranger, car on suppose que d’autres dossiers font partie des négociations avec les pouvoirs publics... ».

Si les manifestants n’ont à aucun moment cherché à rencontrer M. Crépeau en sa qualité de membre du gouvernement (il se trouvait à quelques pas de là), ils n’ont pas oublié d’interpeler les pouvoirs publics. Dans le même temps en effet, une délégation s’entretenait longuement avec le préfet, M. Monestier et le président du conseil régional, M. Cartraud. A leur sortie, les représentants de la CGT et de la CFDT indiquaient en substance : il a été demandé au tribunal de commerce de surseoir à sa décision. La négociation ne devrait pas se poursuivre au-delà de lundi. Les pouvoirs publics « ne connaissent pas le projet industriel », mais jugent « exorbitantes à tout point de vue » les propositions de Pinault-France. Des tractations avec ce groupe existaient depuis des mois. Les syndicats ont appelé les salariés de toutes catégories à rester mobilisés dans l’unité, en faisant ressortir qu’il était capital que l’usine ne ferme pas, pour qu’une reprise reste possible. La CFDT ajoutait : « Nous ne manifestons pas pour Pinault, qui a des sous-marins dans l’entreprise... » (les syndicats n’étaient pas à l’initiative de la manifestation).

Plus tard, on apprenait toutefois à Montmorillon que la négociation parisienne aurait été « rompue », le groupe Pinault jugeant « ridicules » les propositions des banques. Rompues ou interrompues ? Dans une affaire de cette importance, la stratégie a évidemment toute sa place, y compris celle qui consiste à « jouer » avec l’information. Il convient sans doute d’attendre lundi, puisque la visite du syndic, Me Schmitt, n'est pas annulée.

Photo : Le rassemblement des “Ranger” place de la préfecture

 

le 23/02/2024 à 10:36

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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