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1259206/12/1984POITIERS

RANGER : LA PRÉFET CONSULTE LES SYNDICATS SUR LE PLAN DE REPRISE PAR PINAULT-FRANCE

Trois cents emplois seraient sauvegardés

Le sort de l’entreprise Ranger à Montmorillon se joue sans doute ce matin à 10 heures, dans le bureau du préfet de région, où M. Monestier reçoit les syndicats de l’usine de meubles en liquidation. Il doit les consulter sur le plan de reprise proposé par le groupe Pinault-France, seul candidat déclaré.

Ce plan, auquel les pouvoirs publics paraissent souscrire faute d’alternative crédible, prévoit la poursuite de l’activité industrielle avec quelque 300 salariés, sur les 632 aujourd’hui à Montmorillon.

L’atelier SIM de Chauvigny, rappelons-le, n’a jamais été concerné par ce montage et fermerait donc ses portes, à moins qu’un autre repreneur réembauche une partie de ses 80 salariés.

Tout dépend ce matin des réactions syndicales aux propositions du groupe Pinault, qui n’entend évidemment pas prendre possession d’une firme en grève et occupée par ses ouvriers. Les pouvoirs publics et les banques, quant à eux, ont consenti de gros sacrifices à l’émergence de cette solution.

Seul repreneur déclaré, le groupe Pinault, qui n’en est pas à son coup d’essai dans la reprise de sociétés malades - une partie de ses quatre-vingts filiales a été acquise dans ces conditions - était en mesure de placer très haut la barre de ses exigences : aides publiques maximum, exonérations de la fiscalité locale, obtentions de prêts participatifs... Plus d’un million de francs seraient déposés dans la corbeille.

Reste à transformer cet essai politique et financier en solution sociale et industrielle. Sur le terrain social, les syndicats évalueront l’intérêt de cette solution en mesurant les risques d’une liquidation définitive où disparaîtrait la totalité des emplois. Il s’agit aujourd’hui d’éviter le pire. Quant au plan industriel, il reste à inventer, dans le cadre d’une filière - la filière bois - où la France est loin d’avoir valorisé au mieux ses atouts, faute de ce dynamisme industriel qui fait aujourd’hui les beaux jours de nos concurrents européens.

Avec ses 17.000 salariés, 1,9 milliard de francs de chiffre d’affaires en 1983, le groupe Pinault est-il en mesure de relever le défi ? Réparti sur toute la filière, de la scierie à la fabrique de meubles, il dispose d’atouts incontestables. Il lui faut cependant digérer ses filiales nouvelles, acquises comme on sait. En matière de gestion ce n’est pas une mince difficulté.

« Le fruit des actions entreprises »

Cette réunion que l’on pense déterminante avec le Préfet, le syndicat CGT la juge comme une victoire des actions menées depuis mardi.

L’occupation des usines Ranger de Montmorillon et SIM de Chauvigny s’est poursuivie hier et cette nuit.

Pour appuyer leur mouvement et porter leurs inquiétudes au devant de la population, les employés de l’usine montmorillonnaise sont descendus dans les rues de la ville hier matin, à l’occasion du marché hebdomadaire. Environ 250 personnes ont participé à cette marche silencieuse au cours de laquelle des tracts ont été distribués sur le chemin. Signé des syndicats CGT et CFDT, le texte a rappelé que le personnel était « exclus de toute discussion, placé dans une attente intolérable, inadmissible... ».

Alors que les manifestants stationnaient devant le pont Neuf, bloquant un moment la circulation, une délégation a été reçue par M. André Moteley, sous-préfet. Il lui a été demandé de rencontrer M. Jacques Monestier, préfet de région et de la Vienne, ce jour à 10 heures. De fait, lors de l’assemblée générale qui a eu lieu en milieu d’après-midi, M . Marc Laprie, de l’Union départementale CGT, a confirmé que l’entrevue aurait bien lieu. « Ce que nous avons fait a porté ses fruits » a-t-il commenté.

Ce matin donc, une délégation se rendra à Poitiers, accompagnée d’une partie des employés, alors que d’autres poursuivront l’occupation dans l’attente d’une solution définitive et acceptable à leurs yeux.

Le comité de soutien lance un appel

Communiqué du comité de soutien aux travailleurs de chez Ranger-SIM :

Vingt-cinq personnalités du Montmorillonnais ont, à ce jour, donné leur adhésion au comité. « Ce sont, en majorité, des élus locaux confrontés quotidiennement au problème du chômage dans leurs communes », affirment les responsables qui précisent dans un communiqué :

« Soucieux de la défense des travailleurs de cette entreprise et au-delà, de l’avenir du Montmorillonnais et du département de la Vienne, ils entendent manifester leur vive inquiétude et leur volonté que tout soit fait pour l’industrie du bois qui constitue, dans notre région, le maillon essentiel de l’activité économique, soit sauvegardée dans son intégrité.

Le comité lance un appel solennel à toutes les personnes désireuses de s’associer à sa démarche. Elles peuvent prendre contact avec Robert Bon, maire de Gouex, président du comité (tél. 48.46.45), Michel Brouard, conseiller municipal de Saint-Savin (tél. 48.05.09), Jean-Pierre David, conseiller municipal de Chauvigny (tél. 46.37.28), André Rideau, conseiller général, maire d’Adriers (tél. 48.73.67), René Vauzelle, conseiller municipal de Montmorillon (24, rue du Chemin-Blanc) ».

 

 

le 26/02/2024 à 18:23

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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