1259607/12/1984MONTMORILLON
En début d’après-midi, le personnel de l’usine Ranger a été réuni devant M. Marc Laprie, de l’Union départementale CGT, qui a communiqué les éléments donnés dans la matinée par le préfet. Nous en sommes au même point qu’hier, a conclu le représentant du syndicat.
Aussi, il n’est toujours pas question de laisser mettre à la porte la moitié du personnel ; nous nous battrons encore pour que l’ensemble des salariés soit repris ».
Suivirent des discussions par petits groupes, sur des sujets qui n’allaient pas tous dans le sens d’un mouvement unitaire comme le souhaite le syndicat CGT. Ici, on voulait savoir si le transport gratuit serait maintenu ou ce qui allait advenir des primes d’ancienneté ; là, on se demandait si son atelier était inclus dans le plan de reprise. « Le problème n’est pas là, a dit M. Laprie en reprenant la parole, mais bien de savoir si ou ou non nous acceptons les licenciements ».
Cette question, était justement celle qu’étaient venus poser aux membres du comité d'entreprise et délégués syndicaux Maître Schmitt, syndic ; M. Leprince, vice-président du groupe Pinault-France et M. Roques, directeur financier de la société holding OFM. « Voulez-vous examiner la liste et nous autoriser à envoyer les lettres de licenciement ? », auraient-ils déclaré lors de la réunion, selon le rapport de M. Laprie.
La réponse des représentants du personnel : « Non, tant que des négociations ne seront pas engagées avec nous sur des bases concrètes », à savoir le contenu du plan de reprise noir sur blanc et non un dialogue qui reste verbal. On veut savoir également si toutes les possibilités pour préserver un maximum d’emplois ont été envisagées.
Certes, les propositions du groupe Pinault semblent solides. « Il s’agit d’un vrai projet industriel et non d’un replâtrage », aurait dit M. Leprince en annonçant qu’un directeur, probablement lui-même, serait nommé sur place. Le vice-président a aussi donné quelques détails concernant la restructuration, indiquant notamment qu’il y a « beaucoup trop de monde aux administratifs ». Mais il reste de l’avis de la CGT que l’on est encore « dans le flou et peut-être même plus qu’en 1982, où les plans avaient été communiqués ». Et puis, « pas question de signer un ultimatum qui condamne plus de 300 personnes » a dit M. Laprie en proposant un week-end de réflexion et de discussion avant de consulter le personnel lundi. En attendant, comme nous l’a confirmé le syndic, les lettres de licenciements ne seront pas envoyées.
La position du personnel devrait être déterminante dans la suite des événements, comme l’a laissé entendre Maître Schmitt : « L’accord pour le plan de reprise est en bonne voie, mais il n’est pas encore conclu. Si le travail reprend, il a de grandes chances d’intervenir ».
Chantage diront les uns, réalisme diront les autres, mais dans quelles proportions ? Si les propositions du syndicat CGT sont suivies ce matin, on devrait le savoir lundi par vote à bulletin secret, alors que l’occupation se poursuivra.
le 26/02/2024 à 18:36
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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