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1260611/12/1984MONTMORILLON

RANGER : LE PERSONNEL VOTE LA REPRISE

- Les lettres de licenciement envoyées ce jour
- Contact en cours pour le rachat de la SIM

« Oui, à la reprise » : c’est ce qu’on dit, hier lors d’un vote à bulletin secret, 402 employés des usines Ranger et SIM, sur 563 bulletins exprimés. Par ce vote, le personnel s’est rangé derrière l’avis du syndicat CFDT, préférant la perspective du maintien de 300 emplois, plutôt que le risque d’une fermeture totale, annoncée par le syndic, pour le cas où l’activité n’aurait pas repris.

A l’usine de Chauvigny, pourtant, que l’on sait condamnée dans le plan déposé par le groupe Pinault-France, l’occupation s’est poursuivie cette nuit, sous l’impulsion du syndicat CGT, dans l’attente d’assurances quant aux décisions des éventuels repreneurs qui se sont manifestés.

« Voter pour la reprise, c’est voter pour le maximum d’emplois, maintenant et la possibilité d’en négocier d’autres après » : lundi matin, le syndicat CFDT réaffirmait son avis déjà formulé vendredi soir, à l’usine Ranger.

Son secrétaire départemental, France Joubert, a rappelé devant le personnel rassemblé hier matin le risque qu’il y avait à ne pas reprendre l’activité : se couper des clients qui attendent les commandes en cours et risquer de voir moins d’emplois maintenus.

Le syndicat CGT, pour sa part, a estimé qu’il était « possible de faire monter les enchères », se prononçant contre un vote jugé par lui prématuré. Le personnel en a décidé autrement, préférant à main levée se décider dans la journée, au sujet de la reprise d’activités.

La consultation a débuté dès 10 h 30, pour se terminer en début d’après-midi, après que le personnel de la SIM soit venu en car, apporter son suffrage.

Des résultats annoncés vers 15 h, la CFDT a tiré une première satisfaction, en comptant 594 votants, sur 648 salariés (dont 632 actifs), soit un taux de participation de 91,6 %.

Le syndicat s’est félicité aussi d’avoir été suivi par 402 personnes, contre 161 qui se sont prononcées contre la reprise du travail et avec 54 abstentions et 31 nuls.

Par ce vote, les employés ont donc préféré la prudence et l’assurance des 331 maintiens d’emplois, annoncés par le seul repreneur possible, sachant que de toute façon l’échéance de mercredi fixée par Me Schmitt, le syndic, impliquait l’envoi à cette date des lettres de licenciement aux autres salariés.

Reste à savoir qui sont les condamnés et c’est bien la question que se posaient beaucoup hier soir, fatigués d’une attente pénible.

La réponse ne parviendra que mercredi, puisque les lettres devraient partir aujourd’hui, comme nous l’a confirmé le syndic, la publication de la liste, si elle se fait, n’intervenant que demain.

En tout cas, après la décision du personnel, les syndicats, chacun de son côté, ont insisté sur la nécessité de poursuivre l’action dans le cadre de la future situation de l'entreprise.

Dans l’immédiat, pour la CGT, ce sera la manifestation prévue aujourd’hui à Montmorillon, sur le thème de l’emploi à l’échelon départemental.

Pour la CFDT, qui a marqué des points hier, la création d’une antenne locale pour organiser l’action à l’intérieur de l’entreprise et à l’intention de ceux qui seront licenciés.

Reste à connaître les modalités de la reprise du travail, les détails du plan industriel et la forme des contrats de travail de la nouvelle société. Ce seront les questions débattues ce matin au cours d’un comité d’entreprise, suivi d’un autre demain après-midi, concernant les modalités de licenciement et la consultation du personnel protégé.

Et l’avenir de la SIM ?

Moitié mal, si on peut dire à Montmorillon, avec le plan Pinault qui doit encore être approuvé par le tribunal de commerce de Versailles à une date restant à fixer.

Tout comme d’ailleurs la décision du repreneur pourrait être subordonnée à celle du conseil municipal de Montmorillon, qui doit statuer ce soir, sur l’exonération de la taxe professionnelle.

Mais, par contre, condamnation de l’unité de Chauvigny, pour la reprise de laquelle Me Fouché, conseiller général-maire, a établi des contacts « pour pallier au désintéressement des pouvoirs publics », comme il le souligne.

Un groupe financier important, qui a visité l’entreprise vendredi, serait intéressé par le personnel et le site, sans les machines. A ce sujet, le maire de Chauvigny a eu une rencontre avec le préfet, pour étudier comment ce projet pourrait s’intégrer dans la filière bois et bénéficier ainsi de l’intervention des pouvoirs publics. De plus, en éliminant un repreneur possible, bloqué par la condition de Pinault-France de ne pas concurrencer Ranger, il resterait trois autres sociétés intéressées, sachant que la municipalité augmente les atouts en offrant l’exonération de la taxe professionnelle, durant cinq ans.

On visite, on discute, mais rien n’est encore sûr.

Dans cette attente, le personnel de la SIM, soutenu par la CGT, poursuit l’occupation.

Les réactions syndicales

L’Union locale CGT de Chauvigny, qui regrette l’empressement et « l'ambigüité » du vote (« cent personnes sont pour leur propre licenciement.... ») refuse cette clause de non-concurrence : « Ça ne va pas, les travailleurs ne comptent pas, car dans ce plan les pouvoirs publics et le patronat rayent Chauvigny de la carte ».

La CGT appuiera par contre toute reprise comportant le maintien à Chauvigny même et veut que le comité d’entreprise et les délégués du personnel soient tenus au courant.

L’Union locale appelle à soutenir les travailleurs de la SIM et à participer à la manifestation de Montmorillon aujourd’hui.

Au niveau départemental, la CGT déclarait hier du résultat du vote qu’il « renvoie à la case départ... Mais à aucun moment une telle consultation ne pourra être considérée comme un plébiscite du plan Pinault-Gouvernement. Peut-être ces derniers essaieront-ils de s’en servir dans la journée de mardi (tout a été fait pour cela)... ».

La CGT mandate ses élus du comité d’entreprise pour voter contre les licenciements et « proposer un échéancier de reprise de toute l’activité et de l'ensemble du personnel ».

Elle continue de penser cependant que « cela ne saurait suffire » et qu’il faut « faire monter d’un cran l’action syndicale » en participant au rassemblement de ce soir « pour obtenir le meilleur résultat immédiat possible ».

De son côté, la section de Montmorillon de la Fédération de l’Éducation nationale exprime son soutien aux employés de l’entreprise et ajoute : « Il va de soi, nous semble-t-il, que tous les Montmorillonnais, de toutes professions doivent se sentir concernés par un problème aussi catastrophique ».

 

 

le 26/02/2024 à 19:29

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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