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1272612/04/1985MONTMORILLON

L'AMBITION RAISONNABLE DE LA CFDT

Faire entendre sa voix au niveau des décisions

A plusieurs reprises, au cours des dernières années le Montmorillonnais a été durement secoué par les avatars de la filière bois. Et si l’on en croit des rumeurs persistantes les emplois qui ont résisté à la tempête ne seraient pas pour autant à l’abri des surprises.

La CFDT, dont on sait les responsabilités qu’elle a su prendre au moment de la reprise des anciens établissements Ranger, par le groupe Pinault-France, reste également très vigilante sur l’ensemble des problèmes qu’affrontent toutes les autres branches.

Mercredi après-midi, dans le local de la rue Bernard-Harent, le secrétaire général de l’Union départementale, M. Joubert, qui était entouré de Mme Monique Léger, secrétaire de l’Union locale, a tenu une conférence de presse, en présence de membres du bureau, représentant la FGEN, des Ets Dody-Plast, Disco-Gros et les ouvriers agricoles.

Faisant le point de la situation au plan général de l’arrondissement, il a chiffré à 2.202 le nombre des demandeurs d’emploi au 1er janvier dernier, soit une augmentation de 21 % en un an, la plus forte progression du département.

26 % de la population active, salariée, est aujourd’hui sans travail, ce qui revient à dire qu’un ouvrier sur quatre est au chômage, et les jeunes de moins de 20 ans représentant à eux seuls un quart des inactifs.

« A un moment où l’on parle de désertification, la CFDT veut contribuer à redonner l’espoir en agissant au plus vite, car dans un an, la plupart des nouveaux chômeurs ne toucheront plus leurs allocations, et ce sera dramatique. Pour créer des emplois durables, pour améliorer la qualité de la vie, il faut que tous les partenaires se rencontrent, il faut sortir des sentiers battus, sans fonder de faux espoirs sur Civaux, car de toute façon, c’est dès maintenant que doit se préparer « l’après-chantier » de la centrale nucléaire ».

Or M. Joubert a été amené à faire deux constatations : d’abord Montmorillon ne joue pas son rôle de ville-pilote, comme cela se fait ailleurs dans des cas semblables. Ensuite l’intervention de ceux qui travaillent dans le Montmorillonnais n’est pas recherchée, ce qui a déjà conduit à l’échec de plusieurs projets dans le style contrat de pays. A défaut de dialogues véritables avec les responsables - et pas seulement les chefs d’entreprise - une sorte de défaitisme s’est installée.

« Ce n’est un secret pour personne que les aides officielles parfois très importantes, sont mal réparties et surtout mal gérées. Le droit de regard des syndicats est systématiquement découragé ». Il n’y a qu’à voir les difficultés que nous avons rencontrées auprès du syndic, pour la liquidation de Ranger, qui refuse de communiquer les bilans de 83 et 84.

Si les élections dans les comités d’entreprise donnent à la CFDT la place qui est la sienne, ils sauront mettre en œuvre et utiliser tout l’arsenal juridique pour exercer ce contrôle indispensable.

Et le secrétaire général d’énumérer l’éventail des autres revendications : réduction du temps de travail ; aménagement d’horaires ; maîtrise de l’évolution technique ; élaboration de plans sociaux de licenciement ; représentation syndicale dans les petites entreprises. Pour lui, la situation en Montmorillonnais peut se résumer autour de quatre points essentiels : la consolidation de la présence syndicale dans le commerce de gros des surfaces de vente ; la relance du bois n’est pas seulement à travers le groupe Pinault ; le désir d’innover en agriculture, après abandon de 5.000 hectares de terre et le contrôle de la formation dans les douze entreprises de confection qui emploient actuellement 600 à 700 ouvrières.

Il ne faut pas non plus négliger le tourisme, même si pour cela on doit combattre certaines mentalités. La conclusion de M. Joubert est ambitieuse, encore que raisonnable : « Pour être partie prenante dans l’évolution de la société et de l’économie, la CFDT doit lutter pour ne pas rester derrière la porte des réunions où se prennent les décisions. Mais elle ne sera reconnue comme partenaire que lorsqu’elle sera davantage représentative du monde ouvrier : alors elle pourra dire son mot sur l’organisation du travail, sur la définition du produit, sur la nécessaire qualification, source d’enrichissement personnel et moteur du développement de l’entreprise ».

 

 

le 06/03/2024 à 08:14

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

bois, emploi, statistiques, propagande

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