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Le Comité régional de Défense des intérêts des Accidentés du travail de l’Ouest, siège social : 5, rue du Doyenné, Poitiers, nous prie d’insérer l’appel suivant qu’il adresse aux travailleurs accidentés du Travail des départements de la Creuse, Charente, Charente inférieure, Cher, Loire et Cher, Maine et Loire, Deux Sèvres, Dordogne, Gironde, Vendée, Indre, Vienne.

Camarades,

Après bien des tribulations en fin de cession la loi majorant les pensions des mutilés du travail fut votée.

Je n’en décrirai pas l’économie : la presse a publié le texte de cette loi ainsi que les règlements d’administration publique qui la complète.

Au moment où les promoteurs et les fondateurs de la Fédération Nationale des Mutilés du Travail voient leurs efforts couronnés d’un semblant de succès je veux demander à la grande masse des Mutilés du Travail, bénéficiaires au nom de la loi s’ils sont satisfaits et si la grande majorité d’entre eux par l’action qu’elle a menée et par l’énergie qu’elle a déployée à défendre ces droits a bien mérité cet adoucissement de la situation.

Franchement, Camarade, mutilés du travail je réponds non !

Cette majoration vous ne l’avez pas gagnée, car vous n’avez rien fait pour l’obtenir.

Le paysan laboure et sème par les rudes journées d’automne pour moissonner par le chaud soleil d’août.

Le travailleur peine tout le long d’une semaine pour toucher son salaire le samedi.

Et toi, masse amorphe de malheureux, qu’as-tu semé pour récolter ?

Qu’as-tu fait pour être payé de ton labeur ?

As-tu répondu à l’appel du camarade t’invitant à te grouper ?

As-tu apporté ton obole pour fortifier l’action commune ?

Où étais-tu lorsque l’on organisait des meetings et des manifestations ?

Tu te disais dans ton égoïsme : « A quoi bon me déranger, s’ils touchent je toucherais. »

Toi tu allais à l’assommoir ou à l’abrutissement d’un film policier.

Mais maintenant que les communications invitent à passer à la caisse tu te réveilles.

Comme par hasard tu lis le journal et t’aperçois qu’il existe un Comité régional de défense et d’intérêts des mutilés du travail de l’ouest.

Alors vite tu te précipites et tu t’indignes de ne pas toucher plus ou d’être resté en dehors de toute majoration.

Tu dis tout haut maintenant : Ce n’est pas assez, la loi n’est pas juste !

Eh oui camarade ce n’est pas suffisant pour ceux qui luttent mais c’est trop pour ceux qui n’ont rien voulu faire.

Criez après les parlementaires. Criez après les gouvernements qui votent et ont fait voter des lois incomplètes.

Et bien vous les intéressés, qu’avez-vous fait ? Quelle fut votre action ? Ne savez-vous pas que l’on n’est jamais bien servi que par soi-même ?

A tous les Camarades qui ont obtenu cette légère amélioration, à ceux qui en ont été exclus, nous demandons de resserrer les rangs, car le but n’est pas atteint.

Nous voulons le refonte complète de la loi de 1898 et les mêmes avantages accordés à nos camarades Mutilés de guerre : réduction des tarifs de chemins de fer ; fourniture gratuite des appareils de prothèse, droit aux écoles de rééducation et des emplois dans les administrations publiques.

Travailleurs mutilés, unissez-vous. Tous sans exception : aveugles portant les paraplégiques, bénéficiaires comme non bénéficiaires, rejoignez le Comité Régional des mutilés du Travail de l’Ouest.

Rappelez-vous que le Sénat vous a lancé un défi en limitant à trois ans la durée de ces majorations. Ce défi relevons le, organisons-nous en groupements puissants. Alors non seulement nous conserverons ce qui est acquis mais nous obtiendrons le reste de toutes nos revendications, ramenant à 5 % d’invalidité le pourcentage nécessaire au point de départ des majorations.

Pour le Comité régional de l’Ouest

Le Secrétaire, Lavergne