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1278931/05/1985POITIERS

CARAVANES : LA CGT : VOUDRAIT BIEN S’ACCROCHER UNE « TESSERAULT »

On se souvient que la CGT avait été un syndicat très actif aux caravanes Tesserault avant le dépôt de bilan, et qu’elle avait fait de cette entreprise, une sorte de cheval de bataille dans le département, pour faire avancer ses idées sur l’intervention des salariés dans la gestion.

Depuis la constitution de la nouvelle société, il y a tout juste un an, l’organisation est restée discrète. Au plan public en tout cas, ce qui ne l’empêchait pas de se manifester dans l’entreprise. Ainsi, elle a bagarré cet hiver pour obtenir devant les Prud’hommes la réintégration de son délégué syndical, licencié par la nouvelle direction. Elle est intervenue également pour qu’ait lieu l’élection d’un comité d’entreprise et de délégués du personnel, et vient tout juste d’obtenir satisfaction (les élections auront lieu le 21 juin).

Mais c’est hier seulement que la CGT est sortie de sa réserve sur le devenir de l’entreprise elle-même, lors d’une conférence de presse du secrétaire général de l’Union départementale accompagné de membres du personnel. Ce qui ne signifie pas que TESRO (c’est la raison sociale de la nouvelle société) connaisse en ce moment des difficultés.

L’usine de Chasseneuil a conservé ses 66 salariés, la participation à diverses foires a permis de faire rentrer des commandes et la production tourne autour de cinquante caravanes par mois.

Le syndicat n’a fait qu’exprimer « des craintes pour l’avenir si des efforts ne sont pas faits ».

Pour les caravanes proprement dit, la CGT estime que la part de marché de Tesserault (la marque est conservée) devrait être de 2 % des 30.000 vendues en France, soit une production annuelle de 600, qui ne sera probablement pas atteinte en 1985. Elle souhaite qu’après le « nouveau look » donné récemment au produit, l’effort porte sur des aménagements intérieurs mieux adaptés à la demande, et une relance du réseau des concessionnaires.

Le syndicat préconise par ailleurs des études plus poussées sur les diversifications possibles : maisons mobiles (c’est une production qui existe déjà, mais en petit nombre), chalets « modules » pour l’hôtellerie, les grandes surfaces ou les grandes manifestations : « pourquoi ne pas penser aux Jeux olympiques ?... ».

Mais d’autres propositions traduisent plus clairement l’intérêt que la CGT continue de porter (ou porte à nouveau) à la question du pouvoir dans cette entreprise. Un pouvoir en direction duquel les salariés ont franchi un pas l’an dernier lors de la constitution de TESRO : l’aide de l’État a permis à 34 d’entre eux de mettre 1,06 million de francs dans la nouvelle société, et de détenir ensemble 15 % de son capital.

La CGT y voit peut-être un marchepied. Elle déplore en tout cas que cette part de capital ne se traduise pas par le moindre strapontin ; réclame un siège pour le personnel au conseil d’administration ; et la création auprès de celui-ci d’un « conseil de surveillance ». Elle demande « une plus large information des actionnaires », et aussi la réunion d’une table ronde pour faire le bilan de l’utilisation des fonds publics depuis un an (prime à la création d’emplois, prime d’aménagement du territoire et autres facilités en plus de l’aide aux salariés rappelée plus haut). Non qu’elle doute de l’honnêteté de son utilisation, mais par principe et pour en apprécier l’usage par rapport aux objectifs.

Il n’y a guère de doute possible : après un an d’hésitation ou d’observation, la CGT n’a pas dit son dernier mot et voudrait bien s’atteler à nouveau une « Tesserault », sinon voir l’entreprise à sa remorque...

J.-P. MERCIER

 

 

le 14/03/2024 à 12:08

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

caravane, perspective

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