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Pour la seconde fois, en l’espace de quinze jours, M^e Pinon, syndic, chargé de la liquidation des biens du groupe Roll, avait demandé hier à M^e Verhaeghe, commissaire-priseur poitevin, de venir disperser au feu des enchères le stock de marchandises de la Société nouvelle des meubles de Lussac. Comme il fallait s’y attendre, des anciens salariés de l’entreprise se sont mobilisés dès le début de la matinée, d’abord pour installer un piquet d’occupation, puis pour s’opposer au déroulement normal de la vente.

Sur les 150 personnes licenciées, au début de l'année, une soixantaine ont assuré par roulement cette surveillance des accès de l’usine, avec, pour préoccupation essentielle, de préserver outil de travail et marchandise, dans l’éventualité d’une reprise. Après le refus des propositions faites par M. Perrin, un nouveau montage financier serait en effet à l’étude, et l’on cite le 24 juillet, comme une date à laquelle pourrait être prise la décision au niveau du CIRI (Comité interministériel de restructuration industrielle). Devant l’attitude déterminée du personnel M^e Verhaeghe a établi un procès-verbal de réquisition des forces de l’ordre, afin de pouvoir instrumenter. Soucieux de préserver les dernières chances de conciliation avant la dispersion du stock, le sous-préfet de Montmorillon n’a pas donné suite à cette requête, aussi, à l’heure prévue pour la vente, le commissaire-priseur a-t-il prévenu la quinzaine d’acheteurs présents de l’annulation du rendez-vous. « Il faudra bien trouver une solution un jour », a-t-il conclu, en laissant entendre que le report d’échéance n’était pas une solution en soi.

« N’étant pas en situation de pouvoir faire respecter le mandat qui m’a été délivré, puisque personne ne bouge pour me faciliter la tâche, je n’ai pas non plus l’intention de me battre. Je comprends la réaction des ouvriers et je partage leur angoisse, devant les incertitudes de l’avenir, mais je crains pour eux qu’ils n’aillent vers de nouvelles désillusions ».

Photo : Hier devait avoir lieu la vente aux enchères des stocks de Meubles de Lussac. A nouveau, celle-ci n’a pu se dérouler carles salariés de l’entreprise sont intervenus