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Face à une salle comble André Deluchat, secrétaire confédéral, n’a pas mâché ses mots à l’occasion d’un discours qui clôturait l’assemblée de rentrée de l’Union départementale CGT à Châtellerault. A la question interpellant les participants, de savoir s’ils se sentaient isolés, dans un bateau en train de couler, il répondait aussitôt par la négative, accusant en bloc « tous ceux qui voudraient faire croire que nous sommes moribonds ».

Aujourd’hui, indiquait-il, « on parle de malaise, de remous, à la CGT, cela simplement parce que chez nous, les militants discutent et débattent sereinement, franchement, fermement, ce qu’ils ont d’ailleurs toujours fait. C’est tout à fait normal et le problème paraît plutôt être le fait d’autres qui parlent de recentrage ou d’acceptation, décisions qui semblent être le fait d’un seul homme... ».

Ton donné, André Deluchat allait poursuivre ses critiques face à ce qu’il nomme le syndicalisme réformiste « celui qui baisse les bras, accepte tout, alors que l’inaction serait aujourd’hui suicidaire parce que demain, il sera peut-être trop tard ».

Pour réagir face « aux mauvais coups portés aux salariés durant l’été tant par le patronat que le gouvernement », le secrétaire confédéral en appelle donc aux luttes à l’intérieur des entreprises, celles-là même qui doivent déboucher sur de grands mouvements de masse : « nous devons montrer », soulignait-il à ce propos « que nous, nous ne sommes pas isolés des travailleurs face à ce qu’affirment certains médias, que nous nous battons pour leurs intérêts (...), que nous sommes donc purement et simplement un syndicat, pas une organisation » - CFTC, CGC, CFDT seront cités - « qui, comme d’autres, pratiqueraient l’abandon en rase campagne. Car si le syndicalisme est en crise, c’est bien à cause de ceux-là, « les syndicats de la reculade » qui sacrifient ceux qu’ils devraient défendre et portent préjudice à toutes les organisations responsables ».

Pas de modèle japonais

Critiques, elles iront aussi en direction du gouvernement qui parle de flexibilité, pratique l’exportation des capitaux et les licenciements, ou comme un certain ministre, évoque un modèle à la japonaise... « Nous sommes fermement contre de tels propos », note M. Deluchat. « En France nous nous sommes battus pendant des décennies pour acquérir des droits, nous nous battrons encore pour conserver les acquits et les redonner à nos enfants. Pluraliste et diversifiée, la CGT continuera de mettre en œuvre une démarche commune, la lutte pour les travailleurs qu’elle doit rassembler, au travers de leurs intérêts de classe et de masse ».

Manifs : à Poitiers et Châtellerault

Francis Martin, secrétaire général de l’UD devait auparavant évoquer la dégradation de la situation sociale. S’appuyant sur des faits concrets et locaux - augmentation du chômage dans la Vienne, TUC sous payés au nombre de 1.900, règlements judiciaires annoncés, secteurs en difficulté, salaires en baisse - il en appelait lui aussi à l’action après avoir stigmatisé « les atteintes aux libertés syndicales - 16 militants licenciés chez TESRO, soit presque toute la section - marque d’une orientation cohérente de l’action gouvernementale qui va à l’encontre de l’intérêt des travailleurs ».

Il rappelait enfin les manifestations prévues dans le cadre de la quinzaine d’action CGT, tant à Poitiers, lors de la venue de M. Delebarre, ministre de l’Emploi, qu’à Châtellerault, samedi, à l’occasion de l’inauguration d’une foire placée sous le signe du sport automobile. « Alors que ce secteur est en crise », disait-il, « Mme Cresson ne pouvait que s’attendre à une riposte des travailleurs de ce secteur ».

En conclusion, il appelait tous les militants à être encore plus déterminés et disait son désir de voir l’opinion publique tout entière soutenir la CGT « seule organisation à s’opposer au départ de nos outils de production à l’étranger ».

C.A.