« Retour

1301708/02/1986CHATELLERAULT

ALDO : USINE FERMÉE

Une délégation reçue à la sous-préfecture

Vendredi matin, vers 9 h 30, une vingtaine d’employées d’Aldo tapaient du pied sur les marches de la Sous-préfecture pour se réchauffer, en attendant que les portes, fermées à leur arrivée, s’ouvrent pour laisser entrer une délégation composée de Mme Lucquiaud, déléguée syndicale CGT ; M. Moine, de l’Union locale et une autre employée.

Cette délégation devait être reçue par M. Pierre Salles, sous-préfet, auquel elle a exposé les inquiétudes des ouvrières, tant en ce qui concerne le règlement de leurs salaires que leur avenir. Il leur a été confirmé que les salaires de la période du 1er au 10 janvier devaient être réglés par l’entreprise et ceux de la période du 11 au 31 janvier par l’ASSEDIC.

D’autre part, la demande de la CGT concernant une « table-ronde » pour envisager l’avenir de l’entreprise a été refusée. Les responsables syndicaux nous ont indiqué que les pouvoirs publics motivent ce refus en s’appuyant sur une loi de janvier 1985 et les renvoient devant le Tribunal de commerce de Poitiers.

A ce propos, indiquons qu’une délégation a été reçue jeudi par le juge, Mlle Tabakian. qui a indiqué que le tribunal devait examiner le dossier présenté par le repreneur éventuel M. Gaume et que la décision serait prise dans le courant de la semaine prochaine sans préciser la date. Le travail est maintenant arrêté à l’usine où les ouvrières ont terminé jeudi après-midi une commande de robes destinées à la maison Suzilko de Paris.

A ce propos, signalons qu’en attendant l’évolution de la situation, une partie du personnel avait décidé d’empêcher le départ du camion devant livrer cette commande. Un cas de conscience se posait pour le jeune chauffeur de l’entreprise décidé à ne pas remettre les clés du véhicule par solidarité avec ses camarades, mais devant faire face aux arguments de sa mère, elle aussi employée par la société Aldo et qui adoptait une position diamétralement opposée.

Finalement, le camion devait quitter l’usine en fin de matinée pour que la livraison de la commande soit faite. Précisons enfin qu’un certain nombre d’employées ne se sont pas jointes à cette délégation, préférant attendre une entrevue qui devrait avoir lieu avec Mme Cresson vendredi prochain.

Selon celles qui se trouvaient à la sous-préfecture, d’autres actions pourraient être envisagées d’ici là et il ne serait pas impossible que l’usine soit occupée. Enfin, nous apprenions que l’usine Aldo avait fermé ses portes vendredi midi, et qu’elles étaient désormais cadenassées. Cela sans doute afin d’éviter une occupation des locaux en attendant la décision du juge-commissaire.

Un appel de la section CGT

Dans un communiqué qui nous a été remis dans la soirée d’hier, la section syndicale CGT rappelle les entrevues avec Mlle Tabakian, juge-commissaire et M. Salles, sous-préfet, que nous évoquons plus haut.

Elle indique que toutes les salariées viennent de recevoir leurs lettres de licenciement sans savoir quelles solutions auront trouvé les responsables chargés de cette affaire au niveau de la municipalité, du ministère de l’Industrie, du Tribunal de commerce et de la sous-préfecture.

C’est avec amertume et colère que les 265 salariés de la société viennent de voir tomber le couperet : aucune solution autre que le chômage.

La CGT s’élève contre le refus de convoquer une « table-ronde » qui permettrait d’associer toutes les parties concernées afin de créer les conditions d’une bonne reprise de la société. Pour elle, tous ces faux-fuyants traduisent une volonté de voir l’affaire s’estomper avant les élections de mars.

Elle pose la question : « L’affaire Aldo and Co va-t-elle se terminer comme un mauvais film dans lequel tous les protagonistes se retirent sur la pointe des pieds en laissant les salariés se débrouiller seuls et dont le titre pourrait être « Ponce Pilate s’en lave les mains ! ». Cela prouve une chose, c’est qu’il faut mieux compter sur soi-même et se défendre tous ensemble contre le chômage. C’est pourquoi le syndicat CGT demande aux salariées qui n’ont maintenant plus rien à perdre de se présenter dès le lundi 10 janvier à l’embauche aux portes de l’entreprise. Il n’y a pas de temps à perdre. Nous devons obliger Mme le Ministre Edith Cresson à prendre ses responsabilités qui ne sont pas de jeter 80 salariées à la rue, mais de conserver l’emploi de tous les travailleurs de la société Aldo and Co ».

Photo : Aux portes de la sous-préfecture

 

 

le 01/04/2024 à 13:54

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

fermeture, emploi, licenciement, reprise, délégation, pouvoirs publics

« Retour

Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org

Site UD 86 - Espace militants - Espace formation