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1304911/03/1986CHATELLERAULT

REPRISE ALDO : C’EST NON !

Mlle Tabakian, juge-commissaire, a rejeté le plan proposé par M. Gaume. Motif : montage financier insuffisant

A cinq jours des élections, la nouvelle va faire du bruit dans le grand concert politique. Le projet de reprise de la société Aldo, présenté par M. Gaume, appuyé par la mairie de Châtellerault et le ministère du Redéploiement, a été rejeté hier. Et dans ses attendus, Mlle Paule Tabakian, juge-commissaire, auprès du tribunal de commerce de Poitiers, n’a pas été « tendre ».

Bien sûr, l’ensemble des renseignements recueillis sur M. Gaume, et les sociétés qu’il dirige sont satisfaisants, mais c’est surtout le montage financier qui n’a pas paru assez solide au juge-commissaire. Le repreneur a bien prévu dans ses comptes d’exploitation pour le premier exercice, une perte de 1.500.000 F, mais il n’a pas intégré une provision destinée aux congés payés. Cela, plus « des erreurs matérielles qui aggravent encore les prévisions », a conduit Mlle Paule Tabakian à refuser la création d’une société nouvelle, « dont les pertes seront supérieures à quatre fois le capital social initial ».

Au fil de son ordonnance, Mlle Tabakian estime aussi que « les fonds propres mis en œuvre seront notablement insuffisants ». Notamment l’augmentation de capital (de 400.000 F à 1.000.000 F) prévue à la fin du premier exercice, qui ne serait en fait qu’un jeu d'écriture : « une créance de la société SODIMAG, du groupe de M. Gaume, laissée dans un premier temps au compte courant pour être, ensuite, utilisée lors de l’augmentation »..

Éviter les faux espoirs

Le juge-commissaire, qui n’a obtenu aucune précision sur les concours bancaires normaux, pense qu’il aurait fallu prévoir un capital social de départ d’un montant compris entre 2,5 et 3 millions de francs. Dans ces conditions, Mlle Tabaklan n’admet pas non plus « la motivation de sauver des emplois... Un risque évident de donner aux salariés une solution temporaire, et de les remettre à bref délai dans la situation traumatisante qu’ils ont déjà connue ».

« Rien, conclut-elle durement, ne justifierait de donner de faux espoirs avec de fausses solutions, étant précisé que l’offre, au surplus, ne concerne que 79 salariées ».

A noter que l’ordonnance signée par Mlle Tabakian comporte un attendu plus politique : « les concours obtenus », écrit-elle, « et notamment la subvention de 1,5 million de francs du ministère du Redéploiement, ne changent pas l’analyse ; ils constituent une solution de financement extraordinaire, par rapport aux moyens normaux dont peuvent disposer les autres entreprises du secteur ! ».

« Ça me dégoûte »

A l’annonce de cette nouvelle, Sylvie Adhumeau, représentante du personnel, s’est montrée consternée. Elle avait rencontré M. Gaume dans l’après-midi, et ils avaient parlé de l’envoi des lettres de convocation pour les essais. « C’était la dernière chance, a-t-elle déclaré, on se disait que la solution proposée n’était peut-être pas la meilleure, mais qu’elle sauvait quand même la moitié des emplois. Il y a 70 % de politique là-dedans. Ça me dégoûte ; j’aimerais savoir ce que vont faire, maintenant, ceux qui ont pris cette décision... ».

Mme Lucquiaud, de la CGT, précisait hier soir qu’elle s’attendait un peu à cette issue : « une sorte de pressentiment ». Et de commenter : « Cela me déçoit, même si nous avions toujours demandé que la reprise concerne l’ensemble du personnel. Il va y avoir 160 personnes au chômage, au lieu de 80, c’est dramatique... Et il a fallu attendre pour en arriver là ».

M. Gaume s’est entendu notifier le rejet par Mlle Tabakian en personne. Il a quitté le tribunal de commerce de Poitiers le visage défait. Mais sans vouloir faire de commentaires pour le moment. Dans les couloirs après son départ, on évoquait d’autres solutions possibles pour Aldo.

 

 

le 04/04/2024 à 13:23

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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