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1319108/10/1986POITIERS

FORCE OUVRIÈRE À GEORGES CHAVANES : « NOUS NE CROYONS PAS AUX MESURES QUE VOUS PRÉCONISEZ »

Lors de sa venue à Poitiers, Georges Chavanes, ministre du Commerce, avait convié Force ouvrière à le rencontrer. Dans une déclaration, la centrale syndicale « répond » à l’intention du ministre :

« Voici quarante-huit heures à peine, vous nous avez invités à vous rencontrer quelques minutes seulement avant cette réunion, à laquelle nous ne sommes pas conviés. Aux yeux de Force ouvrière, cette invitation apparaît comme un acte « politique symbolique » inconvenant, peu sérieux au regard des problèmes humains qu’induit chaque jour davantage le chômage.

« C’est un sentiment d'humiliation que nous ressentons, à l’égard des salariés qui, eux seuls, sont finalement les victimes de cette situation dramatique. Nous nous refusons désormais de continuer à croire aux solutions que vous préconisez et nous ne nous faisons plus d’illusions sur les dispositions que le gouvernement propose pour prétendre lutter efficacement contre le chômage.

« C'est la protection sociale et professionnelle des salariés, mise en œuvre depuis cinquante ans que les décideurs du pays tendent à faire disparaître au nom de la crise économique... Dans le même temps, l’élimination de tous ces obstacles, ces soi-disant freins à l'expansion économique, toutes ces causes successivement évoquées, ont maintenant disparu.

« Malgré cela, le chômage ne cesse d’augmenter... Après toutes ces facilités extraordinaires, administratives et financières, accordées aux employeurs, nous constatons qu’au cours de ces dernières semaines, les licenciements frappent singulièrement les salariés de plus de 26 ans sans pour autant que des emplois stables pour les jeunes de moins de 25 ans soient effectivement créés.

« Nous ne pouvons plus accepter ce « marché de dupes » que l’on nous propose, car la misère qui grandit inexorablement dans le monde du travail devient insupportable et insoutenable... Cet hiver, plus de quinze mille personnes dans cette région n’auront pas de ressources pour manger, se chauffer, se vêtir et ne pourront payer ni loyer, ni électricité... Les cas de « détresse sociale » se sont multipliés par six en 1985.

« C'est un sinistre paradoxe tout de même, de constater une telle situation au moment où la bourse n’a jamais été aussi florissante, au moment où les profits des entreprises, des banques, n’ont jamais autant progressé.

« Nous pensons que toutes les propositions qui nous sont faites vont dans un sens diamétralement opposé à solutionner l’emploi. Une telle politique nous conduit sûrement vers cinq millions de sans-emploi en 1990.

« Nous disons à ces décideurs qu’ils se trompent lourdement en affirmant que le chômage auquel nous sommes confrontés est la conséquence directe de notre situation économique... Raisonnement logique dans une société pauvre mais, puisque ce n’est pas le cas, il y a forcément une grave erreur d’appréciation.

« Il vous faut donc revoir toutes les données du problème, car si vous ne le faites pas très bientôt, nous risquons d’y perdre... la démocratie et tout ce qui s’y rattache.

« Croyez, Monsieur le Ministre, à notre extrême volonté de nous opposer à une telle échéance, car il s’agit-là de l’essentiel ».

 

 

le 21/04/2024 à 19:51

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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