1319614/10/1986CIVAUX
A la suite de la position prise par l’association « Solidarité-chômage » lors de sa dernière réunion (lire notre édition du 2 octobre), déplorant « la campagne... visant à remettre en cause Civaux », et du communiqué de la CGT paru dans nos colonnes samedi (...), le syndicat CFDT a tenu hier à Montmorillon une conférence de presse pour rappeler sa position vis-à-vis du grand chantier de la centrale nucléaire.
« Il ne faut pas prendre les chômeurs comme otages dans cette affaire, a dit France Joubert, permanent de l’Union départementale CFDT et secrétaire de l’Union régionale. On les engage avec la population dans un mythe sans chercher pendant qu’il en est temps de véritables solutions pour l’avenir du Montmorillonnais ».
Le mythe, pour le syndicat CFDT, c'est de croire que Civaux sera « la » réponse aux problèmes économiques qui se posent actuellement dans la région. A ce sujet, Jean-Jacques Baud, membre de l’UD CFDT et de sa commission « énergie », au plan national, ont souligné que les tranches déjà construites par Électricité de France n’ont apporté que 50 % d’emplois locaux dans la phase du génie civil et 30 % dans celle de l’électromécanique. Mais pour lui, ces chiffres seront à pondérer pour Civaux, dans la mesure où les grandes entreprises ont besoin de redéployer leurs chantiers à cause du nombre moindre de centrales mises en œuvre.
« Elles seront soutenues en priorité pour d’évidentes raisons politiques », ajoute le syndicaliste avant d’évoquer un autre phénomène tendant à des moyens de communication et des nouvelles conditions de travail qui permettent plus facilement à la main-d'œuvre extérieure de venir travailler à Civaux. Dans la région, le personnel reste à un faible niveau de qualification et pourrait se trouver en position défavorable.
Dans la meilleure des hypothèses, la CFDT pense que Civaux pourra offrir en 1991 environ 600 emplois aux régionaux plus les induits. Mais ce sera au plus fort du chantier avant que les effectifs ne décroissent dès l’année suivante. Aussi, le syndicat milite-t-il pour des orientations économiques plus durables et plus rentables. Il rappelle que l’industrie nucléaire n’est de toute manière pas la plus productrice d’emplois : d’après les chiffres de Jean-Jacques Baud, un milliard investi dans le nucléaire est porteur de 2.500 emplois, contre, pour la même somme, 6.000 dans le secteur des travaux publics.
La CFDT souligne aussi que les jours de l’industrie nucléaire sont comptés comme les responsables d’Électricité de France le disent, parlant de la saturation prochaine du secteur de la production électrique.
Ainsi, le syndicat regrette que les espérances économiques soient focalisées sur Civaux et que l’on n’ait pas la volonté durant ce temps d’entreprendre des recherches sur la situation du Montmorillonnais.
« C’est sur place que doivent être trouvées les solutions insiste France Joubert. Il faut retrouver un type de croissance qui mobilise les potentiels régionaux ».
Le secrétaire régional a ainsi déploré, sur la ligne budgétaire consacrée aux études et à la mise en place du contrat État-Région, seul un dossier a été réalisé... sans être utilisé. « Pourtant, dit-il, la création d’une cellule économique avec une bonne étude sous le bras aurait été une très bonne chose ».
« Bien sûr, la mise en place d’un développement local qui fasse le poids à long terme est moins payante pour les politiques, poursuit France Joubert. Mais on doit s’y engager dès maintenant, sinon l’économie montmorillonnaise sera rayée de la carte dans dix ans ».
Ce sera le sens de l’intervention du syndicat au prochain Comité économique et social, où la CFDT reviendra aussi sur sa proposition de construire à Civaux une centrale à charbon, pour elle mieux adaptée au site et plus favorable au développement des échanges commerciaux.
le 22/04/2024 à 14:44
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org