0131429/11/1923VIENNE
Le syndicat des travailleurs des Tramways de la Vienne et des Voies Ferrées Économiques du Poitou nous communique le texte de la lettre qu’il vient d’adresser à M. le Préfet, à MM. les Sénateurs, Députés et Conseillers généraux du département, et à MM. les concessionnaires des lignes de tramways départementaux :
Messieurs,
Nous avons l’honneur de vous faire un exposé de la situation actuelle des petits cheminots du département et exprimer leurs légitimes revendications.
Voici deux ans le syndicat avait déposé un projet d’échelle des traitements ainsi qu’un projet de statuts du personnel.
Ces revendications parurent tellement exagérées qu’elles furent classées au fin fond de certains cartons verts qui existent tant au département qu’à la direction.
Si le syndicat n’obtint pas la réalisation de ses vœux, le département alors régisseur direct de ses voies ferrées accorda différents crédits pour l’augmentation des salaires des agents. Le dernier en date (janvier 1922) est une indemnité de 50 francs par agent, dite prime de gestion allouée à tout agent ayant un an de service à la Compagnie. Ce délai fut abaissé par la suite à 6 mois.
La loi du 22 juillet 1922 relative aux retraites des agents des chemins de fer secondaires, mise en vigueur au 1er janvier 1923 nous fit espérer un instant que le projet d’échelle des traitements serait enfin discuté et appliqué, car il nous semblait que le calcul des retraites ne pouvait se faire que sur les bases d’un salaire normal, réel et non compensé en majeure partie d’indemnités diverses.
Le personnel attend toujours.
Le Conseil général, en sa session de septembre dernier, a remis aux concessionnaires la gestion directe de ses lignes.
Le syndicat confédéré commençait à se réformer et avait déposé un dossier de revendications ; il signalait l’insuffisance des salaires qui mettait la Compagnie dans l’impossibilité presque absolue de recruter le personnel ; il faisait également remarquer au Conseil général les démissions toujours de plus en plus nombreuses.
Cet état de chose était nettement préjudiciable au bon fonctionnement des réseaux par l’instabilité du personnel.
Le syndicat n’est pas un élément de désorganisation, bien au contraire.
Que demandait et que demande encore le personnel ? Une réglementation donnant aux jeunes l’assurance dans la vie, la stabilité dans l’emploi par le travail et une rémunération équitable ; aux anciens en même temps la récompense de longues années d’attente avec un salaire très minime.
Qu’avons-nous obtenu ? Du Conseil général la certitude d’un appui moral, la reconnaissance de la légitimité de nos revendications ; des concessionnaires, émus enfin le manque de personnel, par les démissions si rares autrefois, si nombreuses aujourd’hui, une augmentation minime, oh ! très minime, et encore pas accordée à tous.
Nous avons présenté une demande d’acompte sur l’échelle des traitements de 60 fr. par mois et par agent, de 20 fr. pour les dames receveuses.
Vraiment nous cherchons à discuter au fond ; nous aurions dû, dit la direction, demander il y a trois mois, avant la cession des lignes. Le concessionnaire averti aurait augmenté sa demande en conséquence ; nous répondons que le concessionnaire était au courant de la demande d’augmentation au moment de la signature de la convention.
Nous devons demander au département répond la direction à une délégation du personnel ! Nous devons demander quoi au département ? Qu’il accorde aux concessionnaires un crédit pour augmenter les salaires de son personnel ! Nous devons en sommes, nous, personnel, tirer les marrons du feu.
Tout cela ne doit pas nous regarder, nous avons affaire à un patron et, si le contrôle appartient au département, c’est à Messieurs les Concessionnaires à faire le nécessaire.
Nous avons usé de tous les moyens, la patience nous la possédons à fond, nous avons le désir de travailler.
Notre direction dit que certains agents font du tramways une occupation à côté.
Pourquoi le tramway ne nourrit-il pas son homme ? La majorité, Messieurs, n’ont que le tramway pour vivre. Comment font-ils ?
Le salaire de base est de 3.200, représentant la totalité des salaires et des indemnités.
De toutes part, nous recevons de nos camarades voisins la connaissance des échelles des traitements qui sont en vigueur dans les départements respectifs ; certains datent de 1920 variant de 3.200 à 3.600 fr. salaire de base, parfois les indemnités de résidence sont bien supérieures aux nôtres ; jusqu’à présent dans aucun la prime de l’État de 720 fr. n’est incorporée dans les salaires.
En résumé, nous désirons, Monsieur le Préfet, Messieurs les Sénateurs et Député, Messieurs les Conseillers Généraux, recevoir de vous autre chose qu’un appui moral, mais une aide effective, tangible.
Nous désirons voir l’échelle des traitements se discuter sous les auspices de M. le Préfet, avec le concours éclairé de M. l’Ingénieur en chef du département.
Nous désirons voir s’établir un régime donnant confiance à tous, tant employeurs qu’employés.
C’est pour cela que nous adressons cet appel qui, nous semble-t-il, ne doit pas vous laisser indifférents.
Recevez, Messieurs, nos salutations et l’assurance de notre complet dévouement du personnel petit cheminot.
Pour le Syndicat, le secrétaire Hahn
le 26/05/2020 à 16:14
Source : L'Avenir de la Vienne
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