0131805/01/1924POITIERS
Il y a quelques jours les agents et ouvriers de la Compagnie des Tramways Électriques, pour qui l’accroissement continu du prix de la vie est devenu un sujet d’angoissante préoccupation, se réunissaient et envisageaient la situation.
Ils rédigeaient, d’un commun accord, un cahier de revendications par lequel ils demandaient à la Compagnie :
1°- 2 francs par jour payé aux agents et ouvriers de plus de 21 ans ;
2° - 1 franc par jour pour tous les autres agents ;
3° - Que la Compagnie adhère à la Caisse locale de compassion pour charges de famille ;
4° - Des réductions de tarifs pour les enfants des agents et ouvriers.
La Compagnie a opposé à la demande de son personnel un non possumus catégorique.
Le personnel des tramways s’est réuni à nouveau hier soir et il a décidé de cesser le travail le 11 janvier, à la fin du service, si satisfaction ne lui était pas donné à cette date. Deux délégués du personnel ont avisé ce matin M. Le Préfet et M. Le Maire de Poitiers de cette décision.
Un employé des tramways, avec qui nous nous entretenions ce matin, nous a donné les renseignements que voici sur la situation qui est faite par la Compagnie à son personnel :
- On nous donne, nous dit-il, des salaires de famine, qui varient de 3881 fr. 75 (minimum) à 4712 fr. 50 (maximum), toutes indemnités comprises. Ces sommes s’entendent pour 313 journée de travail ; toute journée en moins, même pour si l’absence est causée par la maladie, est déduite.
« Il n’existe aucune différence entre les célibataires et les pères de familles nombreuses.
« Avec un traitement moyen de 375 francs par mois il est, à l’heure actuelle, absolument impossible de vivre. Nous demandons simplement que l’on nous permette de vivre.
« La Compagnie nous objectera sans doute ses difficultés, ses difficultés passées dont le règlement seul obère actuellement sa situation très florissante à Poitiers. Cet argument ne peut avoir pour nous aucune valeur. Pour que les Tramways marchent il faut du personnel ; pour que ce personnel reste à la Compagnie il est juste, n’est-ce pas qu’il gagne de quoi payer le boulanger, le boucher, le marchand de vêtements et de chaussures, sans oublier le propriétaire, toujours plus exigeant. »
le 26/05/2020 à 16:24
Source : L'Avenir de la Vienne
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