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La grève à la SNCF est reconduite. Mais les voyageurs sont mécontents : leurs vacances sont perturbées

Les premiers flocons de neige sont tombés sur Poitiers ; oh, bien timidement, mais ils symbolisaient en ce premier jour d’hiver Noël et... les vacances.

Vacances : direction la gare SNCF dans laquelle s’alignent au fil des bancs, des voyageurs... rageurs. Notre interview-express auprès de onze candidats au départ révèle un mécontentement pas tant au niveau des motifs de la grève des conducteurs que du moment choisi pour la faire.

Tous nos voyageurs étaient hier après-midi coincés dans la gare de Poitiers dans l’attente du train de La Rochelle programmé pour 21 h 12 ; d’autres avaient prévenu leur famille pour qu’on vienne les chercher.

Du côté des jeunes appelés, l’inquiétude est au rendez-vous... Nous risquons des jours d’arrêt pour notre retard à la caserne, s’exclame l'un d’entre eux, originaire de Niort. « Je n’ai pas pu avoir de correspondance à Saint-Pierre-des-Corps pour Bourges où est ma caserne ». J’ai prévenu et je retourne chez moi, enfin j’essaie... ».

Des raisons du conflit, il en ignore tout : « Je ne sais pas pourquoi ils font çà, mais il y a une autre manière de le faire... Notre appelé propose alors aux grévistes d’adopter une démarche différente : « Qu’ils fassent monter les voyageurs sans les faire payer, ça gênera vraiment la direction ! ».

Un autre appelé, plus informé, se montre assez compréhensif vis à vis des grévistes : « Il faut penser à eux ; je ne pense pas qu’on fasse une grève comme ça du jour au lendemain, mais - car il y en a un - c’est gênant. Le mouvement est mal placé, en période de vacances...

Réaction similaire d’une vieille dame partie de Château-Thierry le matin. Par contre, sa petite fille, encore collégienne, trouve la situation « inadmissible et anormale ».

« C’est très désagréable », renchérit un couple de septuagénaires qui arrive de Paris. « Ils ont tort », précise le mari, « Ils veulent la sécurité du travail, or ils l’ont ». Mauvaise humeur partagée par un jeune homme, assistant en Allemagne : « Ce n’est pas le moyen de se rendre populaire auprès des usagers ! ».

Dans ce concert de protestations, s’élève une voix discordante, celle d’une étudiante d’Angoulême, très compréhensive. Solidarité oblige. Elle a participé à la grève estudiantine et trouve normal que les conducteurs aient lancé leur mouvement à une période stratégique. Pas peu fière, elle observe que depuis la grève des étudiants, beaucoup ont suivi leur exemple...

Les conducteurs reconduisent la grève

Les agents de conduite du dépôt de Poitiers des syndicats CGT, CFDT et autonome se sont réunis hier matin en assemblée générale. Ils ont décidé à l’unanimité de reconduire la grève. Une nouvelle assemblée générale est programmée pour ce matin.

« Nous n’arrêterons cette grève » précise un syndiqué, « que lorsque les négociations seront satisfaisantes ». Rappelons brièvement que les grévistes réclament l’amélioration de leurs conditions de travail, l’obtention des 35 heures hebdomadaires, la revalorisation de leurs salaires et la suppression de la grille des salaires de la direction.

Les grévistes sont déterminés : « Un tel mouvement ne serait pas parti comme cela si le mécontentement n’avait pas été si général », s’exclame un agent de conduite. Un autre approuve : « Ça fait trois ans que l’on met la direction en garde. Notre métier, on en a pris les risques, mais on veut que toutes ces servitudes soient rémunérées comme elles devraient l’être ».

Conscients de la gêne occasionnée par leur mouvement auprès des voyageurs, des conducteurs observent que la direction ne réagit « que lorsqu’on arrive à de telles situations ». Ils rétorquent aussi que cette grève les pénalise eux-mêmes et leur famille.

Une chose est sûre : le programme minimum garanti sera en vigueur aujourd’hui et les voyageurs devront encore s’armer de patience.

Marie-Catherine Bernard