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1328903/01/1987POITIERS

GRÈVE SNCF : LUNDI, L'ULTIMATUM

Au seizième jour de grève, les cheminots ne voient pas le bout du tunnel. Le durcissement enregistré hier en haut lieu les laisse perplexes. La feuille de paye se ressentira d’une grève particulièrement dure, qui rappelle à certains les « beaux jours » de mai 1968. Les temps ont changé, les cheminots, comme d’autres, sont sensibles au pouvoir d’achat. Ils laisseront des plumes, mais ils sont apparemment décidés à aller jusqu’au bout. « Après 15 jours, on n’a plus rien à perdre », c’est un peu le slogan qui prévalait à l’issue des assemblées générales des « roulants » et des « sédentaires » en gare de Poitiers et au dépôt hier matin. Bilan de ces « AG » : une majorité de cheminots pour la poursuite de la grève (grosso modo, 80 %) avec une volonté de poursuivre le mouvement par de petites actions : l’arrêt prolongé des trains de grève, une information auprès du public par les piquets de grève. Car le grand souci des cheminots reste celui du dialogue avec l’usager. Ne pas couper les ponts avec lui, sous peine de voir le mouvement dégénérer pour être récupéré par certains.On l’a vu hier sur la voie, au moment de l’arrivée du « 4003 » en provenance de Paris. Vers 12 h 30, les grévistes, au milieu des rails, ont empêché le train de repartir. Cela a duré une bonne demi-heure. « On » pensait même attendre l’arrivée des forces de l’ordre. Des voyageurs sont descendus du convoi à quai, ont parlementé. Vous nous laissez partir, ou sinon... Fidèles à leur politique de courtoisie à l’égard des usagers, les cheminots ont libéré la voie. L’un des responsables l’avait dit en préambule, en haranguant ses camarades : « Evitez tout contact avec la clientèle. Dispersez-vous ensuite en ordre et dans le calme ».

Si les cheminots veulent éviter les incidents, ils entendent « rester fermes sur les prix ». Ils veulent surtout manifester leur présence, faire prendre conscience à l’usager des problèmes de la profession. Ils veulent quand même aux dires d’un responsable cégétiste, « rester maitres de la situation ». « C’est pas la police qui conduira les trains ». Le climat, ce vendredi, était à l’attente, avec une certaine prise de conscience : les gens rentrent chez eux ce week-end. Les cheminots de Poitiers sont décidés à faire le maximum pour que tout se passe normalement. Il est même prévu que certains trains soient pilotés par des grévistes. Dans ce cas, ils seraient signalés par une banderole, pour arriver plus vite à destination.

Le service minimum du week-end

Mais passé le week-end, si la situation n’évolue pas, on peut s’attendre à un net durcissement : « Ce sera l’ultimatum », lance un gréviste. Tout le monde sera de retour, les vacanciers, les écoliers, les cheminots eux-mêmes (ceux qui étaient partis). Les troupes seront plus fraiches. Lundi, sera la journée de reprise des activités, la journée-clé. Les cheminots redoutent l’épreuve de force. Ils se disent prêts à reprendre le travail. Mais leur ton se fait plus amer au fur et à mesure que le temps s’écoule les hommes du rail sont pris en sandwich. Ils sont attachés à leurs revendications. D’un autre côté, ils n’aiment pas « faire suer le burnous » de l’usager.

La grève est reconduite, les trains aussi... attendez-vous à voir circuler les mêmes convois que les jours précédents : ce samedi en direction de Paris : 1 h 33 - 11 h 34 - 15 h 37 - 19 h 07.

Photos : Les grévistes sur la voie pour bloquer « le 4003 » en provenance de Paris – A l’issue de l’AG au dépôt

 

 

le 29/04/2024 à 14:15

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

grève, assemblée, occupation

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