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Cela ne s’était jamais vu au Crédit agricole de la Vienne : deux jours de grève massivement suivie. Sur trente-trois agences, seules six sont restées ouvertes au public mardi et mercredi. Comme nous l’expliquions dans notre édition d’hier les grévistes (80 % du personnel) refusent le système des normes de production commerciale individuelle qui soumet le personnel au stress de « la pression constante des objectifs à atteindre ». Réunie en assemblée générale l’intersyndicale s’est prononcée hier soir pour la reprise du travail. Tout devrait donc rentrer dans l’ordre ce matin après une longue journée de négociations avec la direction de la Caisse régionale de la Vienne.

C’est en 1985 que le malaise dans l'entreprise s’installe avec le nouveau mode d’évaluation des agents pris en compte pour leur avancement. Une dizaine de lettres parviennent en décembre 85 à ceux qui n’avaient pas atteint les objectifs. Décembre 86 ce sont quarante lettres similaires. Une inflation épistolaire qui met le feu aux poudres. Un front commun syndical (CGC, FO, CFDT, CGT, FGSOA) se met en place et décrète la grève mardi dernier. « A l’heure actuelle on nous demande de produire sans tenir compte de la spécificité de l’agence ni de la qualité de l’accueil qui, elle, n’est pas mesurable » déclare un gréviste. « On a toujours travaillé en équipe et c’est grâce à cet esprit que la boîte a grimpé », « Tout le monde est d’accord pour produire mais pas n’importe comment », telles sont les phrases entendues en assemblée qui traduisent un réel mécontentement toutes catégories confondues. Les cadres sont en première ligne puisque les fameuses lettres ont été envoyées sans que les responsables d’agences aient été mis au courant.

Les grévistes hier ont voulu attirer l’attention des pouvoirs publics en se rassemblant devant la préfecture. Une délégation fut reçue par le directeur de cabinet, M. du Cray. L’après-midi, une rencontre avait lieu avec le directeur de la Caisse régionale de la Vienne. M. Simon Gerzeau en présence du président, M. René Lucas. Que propose la direction ?

- Un report de 15 % de la production d’un agent à un autre sous la responsabilité du cadre de l’agence ;

- La création d’une commission afin de faire de nouvelles propositions sur le calcul des objectifs mais maintien du « suivi individuel ».

Face à cette situation, la CGC a accepté de reprendre le travail. L’intersyndicale ne voulant pas rompre le front commun a préféré suspendre le mouvement. Elle ne reste pas moins ferme sur la revendication essentielle à savoir « l’annulation des normes individuelles liées à la classification ». Une date ultime est d’ores et déjà fixée pour le réexamen de la situation : le 17 mars.

Notons que la caisse de la Vienne ne fera pas grève vendredi mais soutiendra ce mouvement national portant sur des revendications salariales.