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1345402/07/1987POITIERS

LES ÉTATS GÉNÉRAUX DE LA « SÉCU »

Être ou ne pas être ? Participer ou refuser le débat ? La CGT claque la porte dès l’ouverture

Du dialogue avant toute chose ! C’est le mot d’ordre lancé hier par le préfet de région M. Coussirou à l’ouverture des états généraux de la Sécurité sociale qui se tiennent jusqu’à lundi à la faculté de lettres. On ne peut pas dire que la CGT, en particulier, ait tout à fait répondu à son attente puisque, après une intervention rappelant ses positions et son « refus de se laisser enliser dans ce marécage », elle quittait spectaculairement l’amphithéâtre. Au détriment - mais cela n’était pas calculé - du porte-parole de la CFDT, France Joubert, dont l’exposé s’est trouvé ainsi perturbé.

Avec ou sans la CGT, voici donc lancés ces états généraux de la baleine (symbole choisi pour cette espèce menacée de disparition) voulus par le gouvernement pour tenter de trouver des remèdes à son anémie chronique.

D’entrée de jeu, les positions exprimées à titre liminaire par les syndicats ouvriers et les organisations mutualistes traduisent un accord sur quelques grandes lignes : harmoniser l’effort contributif des assurés en faisant porter celles-ci sur l’intégralité des salaires et sur tous les autres revenus provenant du capital et du patrimoine « sans écarter, précise la mutualité, une taxation particulière des revenus spéculatifs produits par les plus values mobilières et immobilières et des consommations nuisibles à la santé (alcool, tabac...) ».

Cet élargissement de la contribution est perçu comme une condition première de la solidarité qui est à la base même du système de Sécurité sociale conçu en 1945.

Surpris d’être là ! C’est la réaction du président du MODEF qui s’étonne qu’on ait invité son organisation jugée non représentative par le ministre de l’Agriculture. Pour couvrir une « mascarade de discussion ? ».

« La solidarité a un coût »

Le porte-parole des chômeurs qui se classe parmi les « exclus de la SS » estime qu’il vaudrait mieux parler « d’insécurité sociale » et souligne que le sort qui est fait à des dizaines de milliers de personnes en France est contraire a la constitution.

La CFDT, pour sa part, trouve qu’on dramatise un peu trop le déficit de la SS, que les mesures avancées par le gouvernement sont supportées en grande partie par les salariés...

Pour autant, à l’inverse de la CGT, la CFDT se dit « pleinement engagée dans cette action ».

« La meilleure défense, souligne France Joubert, passe par notre capacité à élaborer et imposer des solutions ».

Réaliste, la centrale d’Edmond Maire ne cache pas que la solidarité a un coût et c’est pourquoi elle stigmatise « l’hypocrisie » de M. Seguin, ministre des Affaires sociales et de l’Emploi qui veut bien donner aux conseils d’administration la pleine gestion de la SS, mais à condition qu’ils acceptent la contrainte gouvernementale de baisse des prélèvement obligatoires...

La FEN intervient un peu dans le même sens en précisant que sa présence ne saurait être considérée comme une caution aux mauvais coups » que prépare le gouvernement. Elle est là pour dénoncer « la politique rétrograde » - qui risque de pousser les assurés sociaux dans les bras des compagnies d’assurances privées. Ses propositions rejoignent grosso modo celles de la mutualité, présentées par le président Dasriaud et qui ont retenu, apparemment toute l’attention des participants.

Outre les principes que nous avons énoncés en préambule, l'Union mutualiste souhaite un meilleur contrôle des soins et des médicaments. Ce qui signifie en particulier en recentrage de l’hôpital sur sa fonction technique au détriment de la fonction d’hébergement à laquelle il n’est pas prioritairement destiné, une « autodiscipline raisonnée » des médecins libéraux pour contenir « l’explosion » des honoraires, une meilleure sélection des médicaments en tenant compte du fait que les plus efficaces ne sont pas forcément les plus chers et en limitant aussi la consommation pour éviter que le médicament, par l’effet de la contre-incitation ou de la saturation ne génère lui-même la maladie !

Michel Lévêque

La vieillesse d’abord

Les états généraux fonctionnent par ateliers. La réflexion a porté hier sur la vieillesse, aujourd’hui on doit se pencher sur l’assurance maladie et vendredi ce sera le tour de la famille, la récapitulation étant prévue pour lundi.

La vieillesse est peut-être le volet qui comporte le plus de disparité. Qu’on en juge par exemple avec l’âge de la retraite qui peut aller, selon les professions, de 50 à 65 ans. C’est un aspect important de l’action sociale et qui le deviendra de plus en plus avec l’augmentation prévue du nombre des personnes âgées.

Au terme de cette première journée, on peut retenir une relative symbiose entre les parties prenantes, même si l’accord n’est pas toujours obtenu sur le fond. Pour améliorer le système, il n’existe apparemment pas de remède miracle en dehors de l’augmentation des cotisations, de la réduction des prestations et de la prise en charge par l’État de ce qui lui incombe. « Je ne connais pas d'autres formules » ajoute M. Riault, président de la Caisse d’allocations familiales en soulignant toutefois sa conviction qu’on peut « améliorer les prestations sans payer trop ».

Un exemple d’économie possible parmi d’autres ? Supprimer l’abus qui consiste pour des parents âgés à faire donation de leurs biens à leurs enfants et à demander ensuite le fonds national de solidarité. Il est souvent dénoncé à la campagne parce qu’il se voit, mais il existe aussi en ville.

 

 

le 29/05/2024 à 09:28

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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