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1345503/07/1987POITIERS

ÉTATS GÉNÉRAUX DE LA SS

Sous le débat, la passion

Un procès... Quel procès ? Croyant avoir décelé un faisceau de critiques dirigées contre le service public, M. Serre, administrateur FO de la CPAM réagit, mais le préfet l’assure que, personnellement, il n’a rien entendu de tel... Alors, M. Serre s’excuse.

Cela illustre l’ambiance des États généraux-marathon de la Sécurité Sociale ouverts mercredi à la faculté des lettres et qui se poursuivront jusqu’à lundi avec, chaque jour, un thème particulier. Après le coup d’éclat de la CGT qui a quitté l’amphi dès l’ouverture en qualifiant de « marécage » cette consultation lancée par le gouvernement, on s’est engagé dans un débat courtois, entre gens de bonne volonté mais qui ne se départissent pas pour autant de leur franc-parler. Et abandonnent encore moins leurs convictions. C’est ainsi que ce qui devait arriver arriva ; tout en se défendant de vouloir engager une polémique, on lance ex abrupto des appréciations du genre : « La gestion privée des hôpitaux est plus performante que la gestion publique » qui suscitent naturellement des répliques immédiates. Public ou privé ?

C'est l’un des aspects fondamentaux du débat sur l’hospitalisation mais aussi sur l’ensemble de l’institution. Les amis de la « baleine », fruit des amours légitimes en 1945 du Pouvoir politique et de la Paix retrouvée, doivent savoir qu’aujourd’hui il y a des gens pour dire publiquement que la recherche pourrait être confiée aux laboratoires privés ou que le suivi des accidents corporels serait mieux pris en charge par les compagnies d’assurance. Sans qu’il soit question - on vous le jure la main sur le cœur - de toucher à un seul cheveu de la SS !

Solidarité bien comprise...

Au delà de ce débat toujours très passionné, même lorsqu’il est mené à fleurets mouchetés, les participants à cette seconde journée consacrée à l’assurance maladie se sont attardés longuement sur le financement de la Sécurité Sociale. L’impression dominante est que la majorité souhaiterait un élargissement de l’assiette contributive à l’ensemble des revenus. Plusieurs organisations dont l’Union mutualiste avaient parfaitement exprimé cette idée la veille et elle a été largement reprise hier matin. Faut-il élargir le système de la cotisation ou recourir à la fiscalisation qui toucherait tout le monde ? La question n’est pas vraiment tranchée mais il est clair que pour le plus grand nombre, une solidarité bien comprise passe par là.

La contribution des entreprises, par contre, pose problème. Personne, naturellement, dans la période de crise qu’elles connaissent, ne souhaite les pénaliser mais il y a opposition entre ceux qui prônent le statu quo et ceux qui, à l’exemple de la FEN, imaginent un système favorable aux entreprises qui embauchent. Alors qu’aujourd’hui, toute la contribution patronale est basée au contraire sur l’emploi. Autrement dit, pour reprendre la formule ramassée d’un participant : « le robot ne paie pas d’impôt ».

Au chapitre de la recherche d’économies, plusieurs pistes ont été explorées : le développement de l’hospitalisation à domicile (bien que, pour certains, le bénéfice soit plus moral que matériel), la lutte contre les abus de bénéficiaires du Fonds national de solidarité qui ont transmis leurs biens à leurs enfants ou des petits cousins des personnes soignées en psychiatrie (donc prises en charge à 100 %) et qui, à leur mort, se disputent leur magot, les examens répétitifs entre établissements hospitaliers, voire, d’un étage à l’autre, au sein d’un même hôpital... Autre abus incroyable dénoncé par un directeur de caisse : celui des parents qui, pour passer leur week-end « tranquille » font hospitaliser leurs enfants, « C’est vrai », confirme navré le président de l’Union mutualiste.

Faut-il ajouter que médecins et pharmaciens ont été également mis (gentiment) sur le gril ? En toute courtoisie naturellement. « Ici, prévient le préfet quand le ton monte un peu, ce n’est pas un combat ».

Michel Lévêque

« On nous montre du doigt... »

En attendant que quelqu’un trouve le bulldozer qui permette de combler d’un coup le trou de la Sécurité sociale, le gouvernement y a versé quelques pelletées. Par exemple en retirant le bénéfice de la couverture totale aux personnes en longue maladie pour les soins ne relevant pas de la maladie principale.

« Je suis trois fois concernée, nous confie Joëlle, 41 ans, secrétaire aux Télécom. Mon mari et ma fille de 11 ans sont atteints de scoliose évolutive et moi-même je me trouve en arrêt de travail depuis trois ans pour un poly-arthrite rhumatoïde ». Autant dire que, dans la famille, on est gros consommateurs de consultations médicales, de médicaments, voire de séjours dans des établissements de soins spécialisés. C’est ainsi qu’hier après-midi, Céline et son père avaient rendez-vous à l’hôpital Necker à Paris.

Joëlle n’apprécie pas du tout la réforme. Elle cite un cas concret de panaris lié à sa maladie mais pour lequel on lui a refusé le remboursement intégral. Idem pour sa fille à laquelle on avait refusé arbitrairement la couverture à 100 %. « On est en train, déplore-t-elle, de nous montrer du doigt ».

 

 

le 29/05/2024 à 09:33

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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