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« Faut rassurer les amis : on n’est pas d’accord sur un certain nombre de choses avec le Pouvoir actuel... ».

En épilogue de sa conférence de presse de rentrée au cours de laquelle il avait exprimé les convergences de son syndicat avec plusieurs initiatives gouvernementales - en particulier les congés de conversion - France Joubert, secrétaire régional de la CFDT, a tenu à donner cette précision.

Le fait est que la centrale d’Edmond Maire, qui campait depuis 1968 sur ses certitudes idéologiques, tend de plus en plus à descendre de son Olympe pour aller, comme dit l’autre, « au charbon ». Elle prône le dialogue social, estimant qu’aucun redressement économique ne se fera sans responsabilité partagée ; approuve certains aspects de la modernisation ; juge « cohérent » le projet formation du Futuroscope et tresse des couronnes aux camarades qui abandonnent leur confort salarial pour créer leur propre entreprise.

On cite, à cet égard, l’exemple de sept élus syndicaux de la SFENA (électronique) à Chatellerault, des anciens de « La Chaînette » à Parthenay ou encore celui des fondateurs de l’AMI (Agence mutuelle immobilière) de Niort qui ont trouvé leur place au soleil de la « capitale des mutuelles ».

Mais sans chercher, apparemment, à illustrer le proverbe selon lequel « qui aime bien, châtie bien », la CFDT régionale porte des coups très durs à la droite en stigmatisant la dégradation de la fonction publique qui risque de conduire, en matière de télécommunication par exemple, aux excès américains « où les pauvres n’ont plus accès au téléphone ». Et l’estocade vient avec la suppression de l’autorisation préalable de licenciement qui, sous couvert de relance de l’emploi, a constitué « une belle escroquerie ».

« Entre l’effort des salariés et les résultats qu’ils pouvaient en espérer légitimement, estime France Joubert, le libéralisme a dressé des barrières partisanes ».

En tant que structures régionales, la CFDT tient par ailleurs à jouer la carte du Poitou-Charentes à fond. En soulignant que le Poitou-Charentes ce n’est pas seulement le Châtelleraudais ou le littoral atlantique mais toute une région qui est indissociable et doit prendre appui sur sa solidarité. Sans doute manque-t-elle encore de ressort mais ses responsables peuvent compter sur la CFDT pour prendre sa part, notamment, à l’élaboration du 10^e Plan. En bousculant, si besoin est, les idées reçues.

Sans abandonner ses revendications permanentes sur le pouvoir d’achat, le partage du travail... voilà donc une CFDT participante en diable, qui embouche haut et fort les trompettes de l’ouverture et n’hésite pas à susciter dans ses propres rangs des vocations d’entrepreneurs. Une plateforme qui ne constitue peut-être, en vérité, qu’un retour aux sources. Celle des « Castors » qui se groupaient pour construire leur maison ou des premières Bourses du travail qui apportaient, entre autres services, une formation à leurs adhérents.

Michel Lévêque