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0134207/05/1924POITIERS

LES TRAMWAYS ELECTRIQUES - AUGMENTATIONS DES TARIFS

CONSEIL MUNICIPAL – LES TRAMWAYS ELECTRIQUES

M. Desmarest donne lecture du rapport suivant dont les conclusions sont adoptées :

Messieurs,

Dans notre séance du 7 juin 1923, nous avons décidé une augmentation de 0 fr. 05 de tarifs perçus par la Compagnie des tramways électriques de Poitiers pour le transport des voyageurs sur les trois sections : Gare-Hôtel de Ville ; Hôtel de Ville-Blossac ; Hôtel de Ville-Porte de Ville et vice-versa.

Ces nouveaux tarifs ont été appliqués à partir du 10 juillet1923.

Le produit de ces relèvements des tarifs était destiné à augmenter les traitements des personnels de la Compagnie des Tramways d’un franc par jour et par employé à compter du 1erjuin 1923, le surplus devant être affecté à des travaux de remplacement des voies.

Le supplément de recette que nous prévoyons par suite de ce relèvement des tarifs s’est bien réalisé.

Bien mieux, le léger fléchissement du nombre des voyageurs que l’on pouvait redouter, ne s’est pas produit ; sur les secteurs où les tarifs ont été relevés le nombre de voyageurs s’est accru d’environ 10.000 en 1923 pat rapport à 1922.

Alors que les recettes d’exploitation ne s’étaient élevées en 1922 qu’à 517.711 fr. 53, en 1923 elles se sont élevées à 560.743 fr. 29.

En revanche les dépenses d’exploitation qui avaient été en 1922 de 417.393,36 faisant un bénéfice de 100.318 fr. 17 se sont élevées en 1923 à 448.071 fr. 71 laissant un bénéfice de 112.671 fr. 58.

L’exercice 1923 s’est donc soldé par un bénéfice supérieur de 12.353 fr. 41 à l’exercice 1922.

Pour être complet il est bon d’ajouter que les bénéfices d’exploitation ne sont pas des bénéfices nets ; ils se trouvent grevés d’un passif, notamment du passif dû à la Compagnie du Gaz, en sorte que la Compagnie des Tramways n’a distribué à ses actionnaires sur les bénéfices de l’exercice 1922 qu’un dividende de 2 %.

Quoi qu’il en soit, il résulte de cet aperçu sommaire que le budget de la Compagnie des Tramways électriques de Poitiers semble bien équilibré.

Malheureusement, cet équilibre apparent n’est que momentané.

En effet, la convention passée entre la Compagnie des Tramways électriques et la Compagnie générale du gaz pour la France et l’étranger, grâce à laquelle le courant est cédé à un prix très avantageux, doit prendre fin le 1er janvier 1927.

Le prix de ce courant électrique revient actuellement à 60.000 fr. par an environ à la Compagnie des Tramways.

Cette dernière s’est inquiétée, depuis plusieurs mois déjà de connaître quelle seraient les nouvelles conditions qui lui seraient faites par le Compagnie du gaz pour la fourniture du courant.

Les pourparlers ne paraissent pas jusqu’ici devoir aboutir à une solution satisfaisante puisque, d’après les propositions de la Compagnie du gaz, le budget de la Compagnie des Tramways se trouverait grevé d’une augmentation de dépenses de 180.000 fr. environ par an pour la seule fourniture de courant.

Si elle devait subir cette augmentation de dépenses, la Compagnie des Tramways ne pourrait pas continuer son exploitation ; elle serait obligée de cesser le service le 1er janvier 1927.

Aussi en présence de ces propositions et afin de ne pas être prise au dépourvu le 1er janvier 1927, la Compagnie des Tramways envisage-t-elle les mesures nécessaires, soit pour produire, par des propres moyens l’énergie dont elle a besoin, par l’installation d’un nouveau groupe électrogène dans son usine, soit recevoir cette énergie d’une autre Société de distribution desservant la région de Poitiers dans des conditions plus avantageuses, par l’installation dans son usine d’une sous-station de transformation.

Elle estime à 270.000 fr. la dépense qu’entrainera pour elle l’une ou l’autre des solutions.

Pour se constituer ce capital la Compagnie s’adresse à la Ville, en faisant remarquer d’ailleurs que son usine, complétée par un nouveau groupe électrogène ou par une sous-station de transformation, fera retour à la ville en fin de concession, c’est-à-dire une vingtaine d’années seulement après la mise en route du nouveau groupe ou de la sous-station.

Votre Commission des finances, saisie de la question, a tout d’abord rejeté l’idée de mettre à la disposition de la Compagnie des Tramways sous forme d’une subvention la somme de 270.000 fr. jugée nécessaire par l’exécution des travaux prévus.

En effet le réseau des Tramways électriques à Poitiers n’est pas général, il n’est pas utilisé par tous les habitants.

Il ne serait pas équitable de faire supporter en définitive par tous les contribuables Poitevins la charge d’un service qui n’est utilisé que par quelques-uns.

D’autre part, votre Commission n’a pas pu ne pas être impressionnée par le grand nombre de voyageur qui se servent des tramways électriques à Poitiers.

En 1923, les tramways électriques ont transporté 2.050.825 voyageurs au lieu de 1.983.724 en 1922.

Votre Commission, considérant que le maintien des tramways électriques à Poitiers s’imposait, s’est efforcée de trouver le moyen financier de constituer ce capital de 270.000 fr, sans en faire supporter la charge par le budget de la Ville.

Elle pense avoir résolu le problème en mettant à la charge des usagers la plus grande partie du capital jugé indispensable et en laissant la Compagnie compléter le surplus.

J’ai l’honneur de vous exposer, en son nom, l’économie du projet qu’elle soumet à votre approbation.

Il consiste essentiellement dans le relèvement de tarifs suivants :
Gare-Place d’Armes et vice-versa, 0 fr. 30 au lieu de 0 fr. 25 ;
Gare-Porte de Ville ou Petit-Blossac et vice-versa, 0 fr. 40 au lieu de 0 fr. 35 ;
Gare-Sourds-Muets ou la Croix et vice-versa, 0 fr. 50 au lieu de 0 fr. 45
Gare-Trois-Bourdons ou Pierre-Levée et vice-versa, 0 fr. 50, sans changement ;
Place d’Armes-Porte de Ville ou Petit-Blossac et vice-versa, 0 fr. 30 au lieu de 0 fr. 25 ;
Place d’Armes-Sourds-Muets ou la Croix et vice-versa, 0 fr. 40 au lieu de 0 fr. 30
Place d’Armes-Trois-Bourdons ou Pierre-Levée et vice-versa, 0 fr. 50, au lieu de 0 fr. 40 ;
Porte de Ville-Sourds muets et vice versa, 0 fr. 20 au lieu de 0 fr. 10 ;
Porte de Ville-Trois-Bourdons et vice versa, 0 fr. 30 au lieu de 0 fr. 20 ;
Petit-Blossac-La Croix et vice versa, 0 fr. 20 au lieu de 0 fr. 10 ;
Petit-Blossac-Pierre-Levée, 0 fr. 30 au lieu de 0 fr. 20 ;
Sourds-Muets- Trois-Bourdons, 0 fr. 20 au lieu de 0 fr. 10 ;
La Croix-Pierre-Levée, 0 fr. 20 au lieu de 0 fr. 10.

.../…

Mais le rôle de votre Commission des finances ne s’est pas borné à procurer à la Compagnie des Tramways ce capital, qui lui permettra de continuer son exploitation.

Profitant de ce relèvement de tarifs, elle est parvenue à décider la Compagnie à abandonner définitivement la réclamation élevée contre la Ville de Poitiers en payement de la somme de 524.00 fr. pour charges extra-contractuelles.

A vrai dire, cette réclamation ne nous effrayait pas beaucoup ; il est préférable toutefois de la voir disparaître.

En outre il est sage de prévoir l’hypothèse où, par suite d’accord soit avec la Compagnie du gaz, soit avec toute autre Société, la Compagnie des Tramways, obtenant le courant électrique à un prix raisonnable, n’aurait à installer à son usine ni groupe électrogène ni sous-station.

Pour ce cas, comme pour le cas où ces installations étant faites ne seraient pas utilisées, votre Commission a demandé que, dans le nouvel avenant à intervenir avec la Compagnie des Tramways, il fut tenu compte des avantages qui pourraient en résulter pour cette dernière, par une révision des tarifs.

Les conditions du nouvel avenant seront établies en conséquence.

Votre Commission demande aussi que la Compagnie des Tramways donne son adhésion à une caisse de compensation pour permettre aux employés ayant des charges de famille de bénéficier des avantages assurés par ces caisses.

Enfin votre Commission demande qu’indépendamment de la réduction des tarifs déjà accordée aux sous-officiers, caporaux et soldats en uniforme, il soit appliqué un tarif qui ne devra pas dépasser au maximum 0 fr. 30 :
- aux mutilés et réformés de la guerre ayant au moins 50 % d’invalidité sur présentation de leur carte d’invalidité ;
- aux membres des familles nombreuses comptant au moins trois enfants de moins de 18 ans et sur présentation d’une carte d’identité donnant droit à une réduction sur les grands réseaux des voies ferrées d’intérêt général.

.../…

 

 

le 27/05/2020 à 13:31

Source : L'Avenir de la Vienne

transport, tramways, municipalité, convention

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