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1350816/10/1987POITIERS

DÉFILONS SOUS LA PLUIE…

Pour les syndicats de fonctionnaires tous les chemins mènent à la préfecture

Le vent du sud précède-t-il la tempête sociale ? Si la journée de la fonction publique n’a pas fait hier, à proprement parler, un tabac, le fait qu’elle ait réuni toutes les fédérations syndicales (à l’exception, dans la Vienne, de la CGC) est à prendre en considération. FEN, FO, CFDT, CFTC, autonomes, même combat... On se croirait revenu au Cartel des fonctionnaires des années 30 ou, plus près de nous, aux beaux élans unitaires de l’ère gaullienne finissante.

C'est FO qui a donné le ton en fixant le premier rassemblement de la journée dès 9 h, place de la préfecture. Puis la FEN qui s’était donné rendez-vous sur les marches du Palais (de Justice). Déterminés les enseignants : de l’instit au prof en passant par l’élève-maître, le surveillant, le chercheur, ce sont les mêmes doléances : le métier ne paie plus ! « On a élevé le niveau d’admission dans les Écoles normales du bac au DEUG, observe Catherine. 27 ans, mais les salaires sont restés les mêmes ». « Je connais une collègue qui vient de terminer sa carrière au 11e échelon, après 38 ans de services, avec 8.500 F mensuels, renchérit un instituteur de Saint-Jean-de-Sauves (qui relativise toutefois sa situation par rapport aux moins bien lotis).

Au-delà des revendications salariales, les personnels de l’Éducation nationale n’oublient pas le fond du problème qui est la remise en cause de la fonction publique. Un combat dont les chercheurs du CNRS perçoivent tout à fait le bien-fondé : après avoir travaillé longtemps sous contrat, ils sont devenus voici trois ans fonctionnaires à part entière. Et cela leur apporta, au-delà de la reconnaissance du métier, « un confort moral et quelques avantages ».

Après le « réquisitoire » de Roland Maurel, secrétaire général de la FEN, les enseignants au nombre de 3 ou 400 ont sacrifié à la gymnastique quotidienne pour gagner, sous les parapluies, la place de la Préfecture. Sur leurs talons marchaient quelque 250 cédétistes qui avaient retrouvé leurs jambes pour la circonstance et ont dû serrer les écoutes, tout au long du parcours, pour maintenir haut leur pavillon. « C'est notre meilleure mobilisation dans la fonction publique », notait France Joubert, secrétaire départemental en apprenant que les postiers suivaient à 50 %. Il faut dire que cette administration est parmi les plus visées avec le projet Longuet qui la transformerait en établissement public ou en société nationale. Comme Renault ou l’EDF, souligne un informaticien des télécom mais avec la volonté politique de 1945 en moins ! ».

Vivre...

Comme prévu, les marcheurs ont retrouvé sur la ligne d’arrivée la CGT et la CFTC. Pour la grande scène de la réconciliation ? « Non, non... on se met sur le côté, indique France Joubert. Nous sommes pour les retrouvailles mais pas sur n’importe quelle base », précise un adhérent de la FEN. « La conjonction ne nous gêne pas au contraire « ajoute Francis Martin, secrétaire départemental de la CGT, en glissant tout aussitôt une petite pique à l’adresse de « ceux qui, il y a un an, jugeaient les luttes terminées ». Et la CGT de clamer à voix haute et claire à l’intention de tous les syndicalistes réunis et, par-dessus leur tête, aux Barre, Chirac, Rocard, Maire ou Alain Minc que « les fonctionnaires ne sont pas des nantis et veulent tout simplement vivre et faire vivre leurs familles ». Elle stigmatise aussi les multiples atteintes aux libertés enregistrées jusque dans la Vienne où son permanent Michel Diot, doit comparaître en justice samedi 17 octobre pour avoir effectué des inscriptions sur la chaussée. D’autres seront jugés en référé pour diffusion de “La Vie ouvrière” au restaurant des organismes sociaux ».

Il est midi, les parapluies se séparent et des cars mettent le cap sur Nantes où va se tenir une manifestation régionale. Bof ! Laisse tomber un agent municipal en enroulant sa banderole. « Je suis plutôt pessimiste » confie un instituteur, « car il n’y a pas de bonne volonté de la part du gouvernement ». A toute rédaction, il faut bien une conclusion, même provisoire…

Michel Lévêque

500 parcmètres encapuchonnés

Parmi les anecdotes de cette journée, retenons l’opération de FO qui a consisté à encapuchonner de sacs poubelle les 500 parcmètres et horodateurs de Poitiers. « Nous avons commencé dès 6 h du matin, nous a précisé Claude Mazeau, secrétaire du groupement départemental des services de santé, et selon une organisation toute militaire, nous avons couvert toute la ville par équipes de 4 ».

En début d’après-midi, une équipe devait se pointer au péage nord de l’autoroute pour distribuer des tracts.

Photos : Sous le vent et la pluie, les porteurs de banderoles de la FEN doivent ramer ! Marchons sous la pluie…. Avec la CFDT. A gauche l’un de 500 parcmètres encapuchonnés par FO

 

 

le 29/05/2024 à 18:41

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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