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1354320/11/1987CHATELLERAULT

ISOREX : LE COUPERET N’EST PAS TOMBÉ

On attendait le pire à Isorex ce jeudi. Dans la semaine précédente, la rumeur allant bon train, la CGT, seul syndicat en place avec quelques autonomes, avait même tenu à s’inscrire dans la possible discussion qui devait s’ouvrir ; et dans un communiqué que l’on aura pu lire, elle parlait de ces contrats FNE, réduits à la portion congrue, malgré les promesses faites par la direction ; et de cet avenir qui ne s’inscrivait pas en rose, après que le directeur ait donné sa démission, laissant son siège comme trois autres avant lui l’avaient fait, et ce, en guère plus d’un an. CGT dans le vif du sujet, comme tous ceux - issus d’où ? - qui parlaient licenciements, évoquant des chiffres qui faisaient état de pourcentages alarmistes quant aux 128 salariés de l’heure : 35 % ici, 58 % là, 70 % ailleurs. Et l’on signalait à ce sujet que l’un des fleurons technologiques du groupe Isoroy - filiale depuis un an de Pinault France - pourrait bien faire les frais des efforts de diversification du groupe, lequel on le sait, s’est inscrit en bonne place parmi les repreneurs des papeteries de La Chapelle-Darblay.

Inquiétudes, elles ne pouvaient que s’amplifier à l’annonce d’une réunion au sommet et qui eut lieu ce jeudi après-midi, d’abord entre la direction représentée par M. Guillaume, P-DG d’Isoroy, MM. Dekeyzer et Colomb, ancien et nouveau directeurs d’Isorex, et les cadres, ensuite, avec le comité d’entreprise et les dirigeants syndicaux. D’ailleurs, le matin même, les salariés avaient été réunis, avant qu’ils ne se retrouvent le soir auprès de leurs représentants pour les dernières nouvelles... Qui ne furent pas tout à fait celles que l’on attendait puisque le mot licenciement ne sera qu’à peine prononcé. La direction, nous dira M. Carrère, secrétaire du CE, n’a pas voulu évoquer de problème qu’elle a remis à plus tard, après qu’un comptable désigné par le comité d’entreprise ait pu lire à livre ouvert dans les comptes de la maison. Par contre, elle a parlé des surplus de stocks, ces quelque 8.000 m3 en attente et dont la non-vente entraîne des pertes préjudiciables à l’avenir de l’unité.

Reste que, selon M. Carrère, Pinault France dispose, avec Isorex, qui a créé en un an un formidable matériau, le Triply - ensemble de lamelles de bois collées dans le même sens et à multiples destinations comme l’emballage industriel, les cloisons, la maison à ossature bois, les faux plafonds... - d’une entreprise de pointe qui ne peut que réussir à condition qu’on lui en laisse le temps. Et de signaler à ce propos que face à des difficultés ponctuelles - l’abandon de Serfo par les pouvoirs publics - on a lancé le Triply un an trop tôt, début 87 au lieu de 88, ce qui fait que si, grâce aux efforts de tous, la production a donné ce que l’on en attendait, la commercialisation a, elle, été largement pénalisée par cette mise sur le marché précipitée. Pour le secrétaire du CE, certes, l’enfant est né prématurément, mais, vu les moyens que l’on a engagé pour l’accouchement - 100 millions de francs soit presque un par emploi conservé - il faut absolument qu’il puisse continuer à vivre : « il y a là un outil formidable », dit-il, « une équipe des plus motivés, qui n’a pas hésité à travailler de nuit, dans n’importe quelles conditions », un matériau révolutionnaire à l’arrivée… Il n’est pas concevable qu’on l’abandonne. Et si Pinault n’est pas capable de gérer bien cet ensemble des plus performant, qu’on le donne à un autre !

Pour l’instant et alors que le P-DG a très sobrement indiqué que, d’après lui, « Isorex peut être sauvé » on attend, côté personnel, la prochaine réunion qui doit avoir lieu la semaine prochaine. En espérant que d’ici là les pouvoirs publics rencontrés – du sous-préfet à Mme Cresson, en passant par MM. Abelin et Monory – auront pesé de tout leur poids sur la décision du P-DG de Pinaut France. Qui, au-delà des questions locales, demeure le seul maître d’une stratégie globale où Isorex ne représente qu’un tout petit pion, sur un vaste échiquier.

Claude Aumon

 

 

le 04/06/2024 à 10:11

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

groupe, restructuration, licenciement

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