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1354925/11/1987CHATELLERAULT

ISOREX : L’ÉTAT DE CRISE

Chômage partiel six semaines ; grève hier ; réunion avec les responsables CGT et… soixante-dix licenciements en question

Rien ne va plus à la société Isorex Châtellerault pour les 128 salariés ! Il y a quelques jours, on osait à peine le mot licenciement tandis que des rumeurs et bruits de couloir faisaient état selon les cas de pourcentages à hauteur de 20, 58 ou 70 % du personnel concerné. Depuis, et bien que rien ne soit encore officiel, on sait que la triste décision concernerait 70 personnes... Par ailleurs, hier matin, était affichée dans l’usine, une note signalant que la quasi totalité des employés allait être mise en chômage technique jusqu'à la fin de l'année. Ne demeureront dans l'unité, « aux fins de surveillance du matériel » que 58 personnes évoluant à mi-temps...

Toujours en rapport avec cette crise, des contacts ont été pris par les délégués du personnel et syndicaux avec les responsables politiques locaux. Ces derniers, tout comme maintenant les salariés, prennent tout à fait au sérieux la menace qui pèse sur l’emploi. Selon la CGT, Mme Cresson et M. Abelin seraient d’accord pour une reprise de l’entreprise par un autre groupe que Pinault France, son concurrent direct, la Séribo. Cette société s’était également placée sur les rangs lors du rachat d’Isoroy par Pinault l’an passé. On se rappellera d’ailleurs à ce sujet que Mme le député-maire avait appuyé au moment des faits la candidature Séribo contre celle de Pinault, et qu’elle se trouverait donc éventuellement bien placée pour engager des pourparlers avec celle-ci.

Reste qu’il n’est pas possible « moralement » de laisser tomber sans agir une unité qui a d’ores et déjà coûté énormément d’argent. On y a investi tant en matériels les plus sophistiqués, qu’en formation humaine, aboutissant à la fabrication du triply, ce matériau révolutionnaire en lamelles collées destiné à de multiples usages, tant industriels que particuliers. Un produit qui devrait rencontrer, à condition que des actions soient lancées dans ce sens, la faveur du public, ainsi que l’ont souligné mardi matin, les responsables de la CGT.

La clé du problème c’est Pinault

En présence d’une bonne partie du personnel, du délégué syndical CGT, de M. Carrère, secrétaire du CE, Francis Martin, secrétaire fédéral CGT et Georges Lehérissel, membre du bureau national pour le secteur « bois », ont donc, mardi matin, dans l’entreprise, encouragé les salariés à tout faire pour qu’Isorex puisse continuer à vivre. Ils ont rappelé à ce propos les énormes moyens du groupe Pinault qui, avec ses « 100 entreprises, ses 18.000 salariés et ses 10 milliards de chiffre d’affaires, détient toutes les clés de la filière bois, tant en aval qu’en amont, exploitations forestières, scieries, menuiseries, meubles, panneaux de bois, maisons à ossature bois, bricolage, commerce international et depuis peu, avec la Chapelle-Darblay, le papier ».

« Que l’on ne vienne alors pas nous dire, souligne la CGT, que l’on manque d’approvisionnement, c’est Pinault lui-même qui peut livrer et peut donc saborder ou non. C’est lui aussi qui tient les commandes pour les ventes et qui a déclaré que le triply était « un produit rentable ».

Le syndicat indique aussi que « Pinault oublie les devoirs qui lui ont été imposés dans le cadre des subventions qu’il a reçues pour la reprise d’Isoroy et qu’il se situe donc au-dessus des lois ». Nul doute donc, que des actions soient lancées rapidement, aux fins d’informer les Châtelleraudais et de faire pression, tant sur les patrons actuels d’Isorex que sur les futurs possibles. « Pas question d’accepter une restructuration par d'autres dirigeants qui diminueraient le personnel », et les pouvoirs publics « qui ont leur part de responsabilité dans l'affaire ».

Motions et réunion

Dans la matinée toujours, M. Carrère faisait voter deux motions. La première pour que le comité d’entreprise demande à la direction que soit acceptée la nomination par lui d’un expert-comptable. Ce dernier aura droit d’ouvrir tous les livres, ce qui, selon la CGT « permettra au moins d’y voir plus clair à défaut d’y rechercher une solution ». On sait que jusque-là, la direction avait refusé nettement d’accéder à cette proposition et qu’elle avait signalé dernièrement qu’une telle demande pouvait entraîner un dépôt de bilan précipité de l’usine.

La seconde motion concerne le fait que le CE puisse également demander un autre expert, cette fois auprès du tribunal de commerce, afin de reprendre l’ensemble des décisions affectant la marche de l’entreprise depuis la reprise par Pinault.

Suite à cela, le CE se rendait auprès de M. Colomb, directeur, qui acceptait une entrevue l’après-midi même. Celle-ci se poursuivit tard dans la soirée.

 

 

le 04/06/2024 à 11:01

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

groupe, restructuration, licenciement, chômage

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