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Dans la Vienne, seulement un électeur sur deux a voté. C’est peu. FO souffle la deuxième place à la CFDT. La CGT tient bon

Le premier élément marquant de cette consultation prud’homale est la désaffection des électeurs : un sur deux ne s’est pas déplacé par désintérêt personnel, par découragement aussi peut-être ou parce que le patron n’a pas facilité les absences. Où est l’élan de 1981 qui avait porté le taux de participation, l’année suivante, à 63,69 % ?

En ce qui concerne la compétition entre les différentes formations, rien d’important à retenir chez les employeurs où l'Union patronale (CNPF) et la FDSEA, faisaient pratiquement cavaliers seuls. Les observateurs attendaient par contre avec intérêt les résultats du match à trois entre les principales centrales ouvrières : comme prévu, la CGT conserve sa première place et grignote même quelques centièmes de point mais la surprise vient de FO qui souffle la seconde place à la CFDT. Ce qui fait dire à France Joubert, secrétaire départemental de ce dernier syndicat que « les travailleurs ne sont pas mûrs pour le syndicalisme de proposition ».

Celle nouvelle hiérarchie va modifier un peu la répartition des sièges mais en raison du jeu des alliances les présidences des deux conseils de Poitiers et Châtellerault ne semblent pas devoir changer de camp.

Un « brelan d’as » modeste

Devant la faiblesse de la participation, aucun syndicat ne pavoise vraiment. Même au sein du brelan d’as que constituent la CGT, FO et la CFDT.

Toutefois, la CGT constate par la voix de son secrétaire départemental Francis Martin : « Tout avait été « manigancé » pour que les travailleurs soient tenus à l’écart et l’on est arrivé à 40 % de non inscrits. Tout avait été fait en outre pour affaiblir la CGT, mais là on n’a pas réussi : notre organisation, en conservant la première place, maintient globalement son score dans les secteurs où elle est habituellement prédominante comme l’industrie et elle progresse même dans l’encadrement. Ces résultats s’inscrivent dans le développement des luttes menées depuis un an et dans lesquelles se reconnaissent les travailleurs ». Conclusion pour le secrétaire départemental : « Nous devrons être encore plus présents sur le terrain ».

Pas de triomphalisme à FO, mais on savoure quand même les résultats, en particulier ceux de Châtellerault où le syndicat fait « une bonne percée » devant la CFDT. Michel Gourdon, secrétaire départemental, tient un langage très dur vis à vis des patrons « qui ont empêché leurs salariés d’aller voter » et évoque à ce propos « l'emprise de l’État-patron ». Il accuse certains maires de petites communes de ne pas avoir rempli leur rôle, contribuant ainsi à grossir le nombre des non inscrits. Et il déplore les erreurs commises dans l’établissement des listes électorales : si des travailleurs n’y avaient pas trouvé place, d’autres, par contre, y figuraient deux fois comme ce salarié agricole de Dangé qui avait reçu deux cartes et était attendu dans deux bureaux différents ! Mais, on vous le jure : personne n’a cherché à faire voter les morts !

Quant à la CFDT, elle se révèle quelque peu amère devant le tassement de ses voix. Tassement léger, certes, mais qui est surtout sensible dans l’industrie où elle ne se sent pas payée de retour. « Il faut croire, observe le secrétaire de l’Union départementale, France Joubert, que les travailleurs ne sont pas encore mûrs pour le syndicalisme de proposition ». En constatant le calme qui a régné pendant la campagne et surtout l’absence d’idéologie, France Joubert n’est pas loin de penser, pour expliquer le taux élevé d’abstentions, que les Français condamnent la politique tout en s’en régalant. Une nouvelle version, en somme, de la célèbre réplique de Molière : « cachez ce sein que je ne saurais voir ! ». Cela dit, il ne vient pas du tout à l’esprit de France Joubert de traiter se semblables de Tartuffe !

Michel Lévêque

Les résultats définitifs

Collège salariés
Inscrits : 68.728
Abstentions : 49,67 %
Exprimés : 32.880
CGT : 11.734 – 35,68% (+ 0,02 % par rapport à 1982)
CFDT : 7.644 – 23,24 % (- 1,42 %)
FO : 8.085 – 24,58 % (+2,43 %)
CFTC : 2.673 – 8,12 % (+ 0,32 %)
CGC : 2.141 – 6,50% (- 2,22 %)
FGSOA : 288 – 0,87 % (- 0,13 %)
CSL – 316 – 0,96 %

Collège employeurs

 

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