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1359618/12/1987LOUDUN

HOWARD-ROTOVATOR : LE PERSONNEL PESSIMISTE

« La situation est alarmante, nous sommes très pessimistes ». Indique ce jeudi matin notre interlocuteur à Howard-Rotavator Loudun. Un responsable qui connaît particulièrement bien la question puisqu’en tant que délégué CFDT, élu du personnel et du CE, il a mené toutes les négociations avec une direction qui s’est montré inflexible.

Il ne peut d’ailleurs, dans un premier temps, que confirmer les 71 licenciements annoncés et devenus officiels par voie de courrier hier - (...) - avant de signaler que la direction en a demandé 21 autres pour 1988 et que, très vraisemblablement, elle les obtiendra. Des chiffres énormes pour une unité qui comptait dernièrement à peine 300 salariés, mais qui, pour le délégué s’expliquent par un passé long et problématique. Il rappelle ainsi la période où le groupe Howard, dont l’unité de Loudun était aux mains des Anglais qui, de 72 à 85 « ont empoché de gros bénéfices sans investir suffisamment, laissant le matériel vieillir et devenir pratiquement inopérant ». Ce qui entrainera la première vague de licenciements.

Avec le rachat par le groupe danois TT Agro, l’espoir renaissait, mais pour une courte durée ; là, on acquérait les machines, on améliorait la gestion, mais le marché s’effondrait dans le même temps, ce qui eut pour résultat une mise au chômage technique du personnel une semaine par mois depuis début 87. Cela ne pouvait pas durer, reconnaît M. Moulin, à qui on a annoncé il y a quelque temps que, comme pour les usines d’Espagne, Italie, Grèce, on allait à Loudun se séparer du tiers du personnel : 71 tout de suite, 21 dans un second temps. La discussion va alors commencer avec des élus du personnel qui, heureux qu’on les accueille à la table des négociations « les fois précédentes on nous avait tout imposé » disent-ils – ne veulent pas porter le débat sur la place publique. Il n’y aura donc pas de manifestations, pas de grèves, pas de sollicitations auprès des pouvoirs publics, si ce n’est de la mairie et le plan ne sera quasiment pas rediscuté hors sur quelques personnes particulièrement touchées par la crise. Le résultat, ce seront 71 lettres envoyées au personnel !

Ambiance déplorable

Pour les 21 salariés en attente de connaître le sort qui leur est réservé, aucune assurance ; les délégués ont demandé un partage du travail, mais pour la direction qui est prête à l’accepter, cela n’empêchera pas les licenciements, inévitables mathématiquement selon elle, qui évoque régulièrement le critère du seuil de rentabilité. On ne voit donc pas par quels miracles la situation pourrait être améliorée, d’autant que les mises au chômage ne règlent pas tout. Selon M. Moulin, il y aurait des arriérés et de l’argent frais sera nécessaire à un nouveau départ. Ce qui fait craindre qu’Howard ne se tourne vers l’Allemagne pour y transférer une partie des activités loudunaises... Puisque là-bas, les prêts sont plus facilement disponibles. Cela même si l’hôtel de ville s’est engagé, si le plan de restructuration lui parait cohérent, à en faire obtenir également.

La crainte, la peur et, une ambiance déplorable : dans le même temps où elle licencie en nombre, l’entreprise propose des modulations d’horaire avec 44 heures de travail cet hier, 42 au printemps, moins par la suite, ce qui parait « inacceptable en l’absence de tout projet à moyen ou long terme ». Pire note l’élu « jusque-là les préavis de licenciements n’étaient jamais effectués, là si ! Résultat, la tension monte, des mots sont lancés, des amitiés sont cassées et l’aigreur s’installe... ». Un drôle de climat, en fait, à se demander où veut en venir la direction qui n’a pas restructuré à la baisse dans un pays seulement où elle s’est installée. C’est loin de l’Europe… En Malaisie !

Claude Aumon

 

 

le 04/06/2024 à 15:07

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

métallurgie, agricole, groupe, licenciement, délocalisation

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