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En ce matin de Saint-Sylvestre, jour de marché, les Châtelleraudais occupés à faire leurs emplettes pour le réveillon ont pu assister à un défilé insolite. Précédés d'un « Père Noël » courbé sous le faix et d’une banderole annonçant la couleur, les personnels d’ISOREX ont circulé en ville en transportant eux aussi leurs cadeaux, ceux en tout cas qui venaient de leur échoir en fin d'année. On pouvait lire sur les emballages : « Pinault, dignité et salaire perdus », « Cadeau : Pinault, 280 chômeurs en trois ans ». « Cadeau Pinault, misère plus grande à Châtellerault », « Pineult, 750 millions pour licencier », et ainsi de suite.

Le terme de ce défilé était la sous-préfecture. M. Blanchou devait entendre formuler, à nouveau, les revendications déjà exprimées, notamment celles relatives à « la table ronde » rassemblant les responsables de l’entreprise, les syndicats et les pouvoirs publics. Auparavant, trois messages avaient été diffusées à l’intention des manifestants et aussi de la population.

M. Picard avait rendu compte de l’entrevue accordée mardi au ministère des Affaires sociales par MM. François, directeur du cabinet de M. Séguin et M. Deplace, délégué à l’emploi, aux cinq élus du personnel venus de Châtellerault.

Il est apparu que les interlocuteurs du ministère semblaient disposés à provoquer une rencontre avec les responsables du groupe Pinault. On ne désespère pas de voir prises en compte également les demandes concernant la mise en place d’un plan industriel et commercial, tandis que le respect des engagements a été l’un des points abordés en priorité. Ensuite, M. Picard en tant que responsable de la section CGT de l’entreprise a donné lecture d’une motion de la Fédération des travailleurs de l’industrie du bois, dénonçant les agissements du groupe Pinault et encourageant les travailleurs de chez ISOREX à poursuivre leur action avec les syndicats CGT du groupe Pinault.

En troisième lieu, M. Lucas, secrétaire de l’Union locale CGT haranguait la foule en refusant de considérer comme une fatalité la situation présente, résultant selon lui de la déliquescence de la société capitaliste. Il prônait, face aux agissements des puissances de l’argent, un sursaut de dignité, appelant à la « résistance » l’ensemble de la population et lui donnant rendez-vous le 8 janvier, jour où les suppressions d’emplois risquent d’être entérinées.

L’Union locale CGT distribuait par ailleurs des tracts dénonçant Pinault « chasseur de primes » au détriment des contribuables au cours de cette manifestation à laquelle on notait M. Moreau, adjoint au maire, et M. Boileau, conseiller municipal socialiste.

Photo : La manifestation des salariés d’Isorex, Père-Noël en tête