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« Libérez Mandela, on vous envoie Le Pen ! ». Le slogan, rigolard, fait recette chez les jeunes. Les papys préfèrent le plus classique : « Le Pen fasciste, ça suffit ! ».

« Unité contre le fascisme » proclament les banderoles et les badges. Communistes, orthodoxes et rénovateurs, trotskystes et anarchistes participent très officiellement à la même manif, le fait vaut d’être noté. Les deux UNEF sont également côte à côte, avec la CGT, la FEN, les associations antiracistes et de Défense des Droits de l’Homme… Dans la famille de la gauche ainsi rassemblée le temps d’une protestation, il manque pourtant deux membres de poids : le Parti socialiste et la CFDT.

En ce froid et humide fin d’après-midi, ils sont environ six cents à défiler. « Une belle manif », apprécie un ancien ravi.

Au fil des discours, les rangs vont ensuite s’éclaircir au bénéfice des cafés de la place d’Armes. C’est tellement évident pour tous ceux qui sont là, que « le Front national n’est pas un parti comme les autres », que « le racisme n’est pas une opinion, c’est un crime », comme le dit Gisèle Jean du MRAP, au nom de toutes les formations organisatrices.

« Non à l’homme de la haine et de la violence », s’écrie Bertrand Royer du PCF : « La France généreuse, elle est là ce soir ; c’est ça la vraie France ».

« Le Pen et le Front national sont la honte de la France : ce sont eux l’anti-France », répond en écho Marc Laprie pour la CGT.

Bertrand Charbonnier de la FEN, appelle à une société de liberté, de paix, de justice et de tolérance, une société dans laquelle Jacques Frimont, pour les rénovateurs, réclame une véritable citoyenneté du travailleur immigré.

Il est 19 heures. La nuit est tombée. A quelques kilomètres de là, on met en place des projecteurs pour un meeting d’une toute autre teneur.