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1363211/02/1988POITIERS

« TÉLÉMÉCANIQUE » DANS LA RUE…

Le personnel et la direction de « Télémécanique » Chasseneuil refusent toute alliance avec le groupe Schneider

Aujourd’hui, à partir de 13 heures, les employés de Télémécanique défileront dans les rues de Poitiers. Cette société installée sur la zone industrielle de Chasseneuil fait habituellement peu parler d’elle... en dépit de ses bons résultats économiques.

Il aura fallu que le groupe Schneider s’intéresse d’un peu trop près à la société pour que le personnel et la direction sortent de leur réserve. En effet, jeudi dernier, le P-DG de Schneider a lancé une offre publique d’achat sur Télémécanique, dans le but d’acquérir au minimum 51 % de son capital. Il en possède déjà près de 15 %, obtenu en partie après le krach boursier...

Cette opération financière a suscité une vive émotion dans l’ensemble des usines de la société Télémécanique. Celle-ci emploie environ 14.000 personnes dans le monde dont 8.000 en France. Cette entreprise française fabrique des produits d’automatisme (automates programmables, contacteurs, commandes de machines, etc...).

En apprenant la - mauvaise - nouvelle, les employés de l’entreprise de Chasseneuil (430) et la direction, ont exprimé leur inquiétude puis ont décidé de réagir. « Cette OPA est inamicale, nous a déclaré hier le directeur, M. Guy Dutoyer. Les responsables de Télémécanique ne souhaitent pas cette OPA. Ils veulent choisir leurs partenaires et ne voient pas du tout ce que le groupe Schneider peut apporter à la société ».

Une alliance repoussée

M. Dutoyer explique ainsi qu’elle exporte plus de 60 % de sa production, qu’elle est le numéro trois mondial des automatismes industriels ; qu’elle dégage une rentabilité qui lui permet de s’autofinancer et de préparer son avenir... ». En conclusion, le groupe Télémécanique se porte bien et refuse toute alliance avec Schneider.

Les syndicats (CGC, Force Ouvrière et le syndicat autonome CAT) partagent cette opinion, la CGT se montrant plus critique. Ils tiennent à sauvegarder la politique sociale « très avancée » de Télémécanique. « Le personnel et la direction, expliquent leurs représentants, ont su créer un climat de concertation et de partenariat, un consensus économique et social (des membres des salariés participent au conseil de surveillance). D’autre part, les employés sont intéressés aux résultats économiques de l’entreprise et possèdent 15 % de son capital... sous la forme de l’actionnariat.

Un spéculateur nommé... Attila

Les syndicats ont une confiance très limitée vis à vis du P-DG du groupe Schneider. Ils le considèrent comme un « Attila, qui ne laisse derrière lui ni société, ni dividende, ni action en bourse ». Ils constatent en effet que Schneider devra débourser environ 3,6 milliards pour obtenir 51 % du capital de Télémécanique. Or, selon eux, cet énorme investissement ne pourra être amorti qu’en supprimant certaines activités et en diminuant les effectifs.

« Nous avons l’impression, concluent-t-ils, que le P-DG du groupe Schneider veut récupérer tout ce qui est rentable. Puis dans 10 ans, il nous réservera le même sort qu’à Creusot-Loire, qui a connu la faillite que l’on sait. Nous ne considérons pas cet homme comme un industriel mais comme un simple spéculateur ».

Cet après-midi, la majorité du personnel de Télémécanique et de ses filiales (une quinzaine dans la Vienne) manifesteront leur opposition à cette OPA. Ils partiront à 13 h 15 de la place du Marché, puis iront en cortège jusqu’à la Préfecture où ils rencontreront un représentant du Préfet.

M-C Bernard

Photo : Guy Dutoyer, directeur de « Télémécanique » Chasseneuil

 

 

 

 

le 10/06/2024 à 16:53

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

métallurgie, groupe, spéculation, fusion

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