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0135602/08/1924POITIERS

LE REPOS DES COIFFEURS - COMMUNICATION DU SYNDICAT

M. René Trujasson, secrétaire du Syndicat des ouvriers coiffeurs, nous adresse la lettre suivante, datée du 31 juillet 1924.

Monsieur,

Au moment où tous les journaux de la localité émettent un avis sur la fermeture des salons de coiffure le dimanche et donnent à leurs lecteurs des renseignements puisés à différentes sources plus ou moins bien informées, je juge nécessaire de vous transmettre des renseignements précis à ce sujet.

.../…

Le véritable souhait des ouvriers coiffeurs est de voir appliquer le repos hebdomadaire le dimanche dans les salons de coiffure.

Et, pour le prouver, j’ai à l’appui de mes dires un procès-verbal de séance du 13 mai dernier portant la signature de 19 ouvriers coiffeurs formant la majorité des ouvriers de la dite corporation, pour le repos dominical.

C’est en vertu de ce procès-verbal que j’ai demandé à M. le Préfet de vouloir bien reporter ses arrêtés de 1906 et 1907 qui accordaient des dérogations au repos dominical pour messieurs les coiffeurs.

Ces arrêtés avaient été pris à titre provisoire et ce provisoire a été appliqué pendant 18 ans durant lesquels nous étions la seule corporation ayant droit au repos le dimanche et qui n’en profitait pas.

Quand l’accord a été conclu entre patrons et ouvriers le 25 avril dernier les ouvriers ne l’ont accepté que comme palliatif et en se réservant le droit de poursuivre leurs démarches pour obtenir le repos dominical.

Croyez-vous que la situation des ouvriers coiffeurs, dont la femme et les enfants se promènent le dimanche alors que lui se repose le lundi, soit si enviable ?

Quel que soit l’attraction qu’il y a dans la semaine, il est impossible à l’ouvrier coiffeur d’y aller parce qu’il finit trop tard.

Faut-il donc qu’il soit condamné à ne pouvoir participer à aucune réunion de famille alors qu’il est possible de faire autrement ? Y a-t-il une catégorie d’ouvriers qui ne puisse pas venir le samedi chez le coiffeur ?

Non et d’ailleurs tous les ouvriers des autres corporations se sont joints à nous pour voir apporter cette améliorations chez les ouvriers coiffeurs.

Et de plus, pourquoi les profanes s’inquiéteraient-ils de voir les clients se raser puisque certains patrons ont déclaré que les barbes ne donnaient aucun bénéfice. Ce sera donc un travail inutile de supprimé.

On vous a dit qu’une protestation avait recueilli 26 signatures contre le dimanche et 5 pour, voulez-vous ajouter à cela 6 ouvriers qui ont refusé de signer et vous trouverez le total de 35. Or il n’y a pas 35 ouvriers coiffeurs à Poitiers et cela prouve la non valeur de cette protestation.

Et pourquoi a-t-on présenté cette protestation à signer devant les patrons et non pas en assemblée générale qui a eu lieu de 25 écoulé ?

Parce que le personnage qui s’est chargé de faire signer savait très bien que l’ouvrier n’oserait pas signer contre le désir de son patron.

De plus une contre-protestation a été envoyé à M. le Secrétaire général prouvant que lorsque les ouvriers sont en présence de leurs patrons ils ne peuvent pas dire leur façon de penser.

On a dit aussi que l’arrêté du 12 juillet dernier était dû au zèle maladroit de Monsieur l’Inspecteur du travail.

Je tiens à déclarer ici que je rends hommage à l’impartialité dont Monsieur l’Inspecteur du travail a fait preuve dans cette affaire.

Et maintenant j’ai confiance j’ai confiance dans la décision de Messieurs les Juge du conseil d’état auprès de qui messieurs les patrons se sont pourvus, car ces messieurs comprendront aisément la nécessité d’appliquer intégralement l’arrêté préfectoral.

Ou alors que deviennent les principe des « Droits de l’homme qui disent que la loi doit être la même pour tous ».

Or la loi du 13 juillet 1906 dit que le repos des ouvriers doit avoir lieu le dimanche.

.../…

René Trujasson

Secrétaire du Syndicat des ouvriers coiffeurs

Je peux également prouver que deux accords signés par messieurs les patrons les 25 mars et 2 avril ont été reniés par ces messieurs ?

Qu’avions nous donc à attendre après de tels procédés ?

 

 

le 27/05/2020 à 15:22

Source : L'Avenir de la Vienne

coiffeurs, syndicat

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