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1365916/03/1988VILLIERS

« FO A FAIT SON BOULOT »

Il pleut sur Villiers et le vent qui vient de la plaine fait claquer les tôles de l’usine déserte. Les Ets Masteau, spécialisés dans la fabrication d’emballages pour fruits et légumes et mis en règlement judiciaire par le Tribunal de commerce de Poitiers, rouvriront-ils jamais leurs portes ? En attendant, quarante et une personnes se retrouvent sur le pavé.

A qui la faute ? Au patron trop « raide » avec ses employés ? Au délégué syndical FO trop à cheval sur ses droits ? A la situation financière de l’entreprise devenue trop précaire ? C’est cette dernière hypothèse qui est avancée, dans un communiqué, par l’Union départementale FO.

« La SA Masteau, écrit-elle, vient de déposer son bilan avec un trou de 300 millions de centimes ! Que le patron accuse le délégué syndical et le syndicat FO de cette faillite n’étonne ni les délégués, ni l’UD. Soyons sérieux : que pèse la somme de 68.000 F à laquelle a été condamné le patron par les Prud’hommes au regard de ce trou de 300 millions annoncé par le syndic ? ».

L’UD FO situe l’origine de l’affaire non pas en janvier 1987, comme nous l’avons écrit, mais en septembre 1986, date à laquelle deux salariés « licenciés abusivement » se sont adressés aux Prud’hommes. Par la suite, quinze salariés constituèrent un syndicat FO pour faire respecter leurs droits.

« Là, commence le conflit, souligne FO. Chez Masteau, le syndicalisme, il n’en était pas question et il a fallu plusieurs rappels pour élire un délégué syndical le 9 janvier1987.

Toujours selon FO, l’employeur aurait alors opposé aux demandes de concertation, l’arme ô combien facile du chantage à « la clé sous la porte », aux licenciements massifs… Et le 9 février, le délégué syndical devait être effectivement mis à la porte.

« FO a fait son travail, estime l’Union départementale, d’abord auprès du patron en dénonçant le licenciement, puis auprès de l’inspection du Travail qui devra demander l’assistance de la gendarmerie pour exercer son droit de visite ».

Et ce fut l’escalade jusqu’au règlement judiciaire prononcé lundi par le Tribunal de commerce.

« Lamentable, ajoute FO, car l’entreprise n’avait pratiquement pas de concurrence sur le marché ».

« Stupide », ajoute le maire qui incrimine de son côté le syndicat (ce qui ne l’a pas empêché d’accueillir hier soir une délégation) et qui juge « critique » la situation de certaines familles.

A Villiers, jusqu’à présent, on ne connaissait pratiquement pas le chômage à part deux garde-barrières qui avaient été mis prématurément sur la touche par électrification des passages à niveau. Le fléau, d’un seul coup, s’abat sur la commune.

Michel Lévêque

 

 

le 17/06/2024 à 18:14

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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