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Nouvelle manifestation des télémécaniciens de Chasseneuil hier soir. Cette fois, ils avaient décidé de bloquer un train en gare de Poitiers.

C’est sur l’express Bordeaux-Paris de 19 h 02 que la centaine de manifestants a jeté son dévolu. Objectif avoué, retenir le convoi pendant une demi-heure.

Pendant qu’une partie des télémécaniciens faisaient front à l’avant du train, les autres passaient de wagon en wagon afin de distribuer le dernier numéro de leur journal interne. Une lecture qui avait au moins le mérite pour les voyageurs de les aider à prendre leur mal en patience.

Surprise, les salariés tombaient nez à nez dans une des voitures avec deux de leurs représentants syndicaux nationaux. Retrouvailles heureuses.

Mais cette joie, tous les voyageurs étaient loin de la partager, pressés qu’ils étaient de revoir leur famille à Paris ou tout simplement harassés par un si long voyage.

Et après maintes discussions sur le quai de la gare, le plus souvent courtoises, quelquefois empreintes d’énervement, les télémécaniciens ont replié les banderoles dans le calme, craignant de voir leur mouvement devenir impopulaire. Quant au conducteur du train, il était tout simplement ravi : « Grâce à ce retard on va pouvoir rouler plus vite ».

Les manifestants avaient tenu dix-huit minutes ! Mais en y ajoutant un premier train qu’ils avaient stoppé pendant dix minutes, histoire de se faire la main, le compte y était presque.

Le cortège a ensuite pris la direction de la préfecture ou plutôt du jet d’eau de la place. Gênés la veille par la présence de forces de police, les télémécaniciens s’étaient promis de revenir pour y verser du détergeant et du bleu de méthylène, les couleurs de l'entreprise. Un rapide salut à M. Monory qui quittait la préfecture au même moment et les grévistes se sont dispersés. Mais dans le bassin, la mousse continuait à monter, monter, à l’image de la colère des salariés de la société.