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Non seulement ils parlent les employés de Michelin, transgressant ainsi la consigne patronale, mais ils vont sur la rocade, banderole en tête, en criant sur l’air des lampions : « Des sous, François ! Des sous François ! Des sous... ».

Cela se passait hier après-midi, à proximité de l’usine de Poitiers implantée sur la zone de la République et contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette revendique en campagne mais bien à leur patron : François Michelin.

Le problème ? Après l’annonce vendredi, à Clermont-Ferrand, du bilan de 1987 qui traduit une augmentation des bénéfices de 38 %, la direction a royalement attribué une augmentation horaire de vingt centimes. « Nous ne voulons plus de miettes ! » répliquent les syndicats CGT et CFDT en soulignant la modicité de certains salaires : entre 5.000 et 5.500 F par exemple après quinze ans de boite... Alors emboîtant le pas de leurs camarades clermontois, les salariés de l’usine poitevine - du moins 65 % d’entre eux - ont lancé hier une forme de grève tournante de quatre heures par jour dans un premier temps, qu’ils mettent à profit pour sensibiliser le public à leur situation. A partir d’aujourd’hui, le débrayage sera d’une heure « avec casse-croûte dans le bureau du directeur » annonce le porte-parole de la CGT.

En l’occurrence, les miettes seront pour lui...

Dans un communiqué, la CFDT revendique:
« Trois francs de l’heure immédiatement pour rattrapage de la perte du pouvoir d’achat de 1987 et du début de l’année 1988 ; l’ouverture de négociations sur les salaires ; la suppression de l’augmentation individuelle avec le retour à l’augmentation générale pour tous ; la mise en place d’une grille de salaires ».

La CGT demande, pour sa part, une augmentation de 1.500 F par mois pour compenser la perte du pouvoir d’achat accumulée depuis 1983.

Photo : La manifestation des ouvriers Michelin