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1372329/04/1988LOUDUN

HOWARD ROTOVATOR DE MAL EN PIS

Entre direction et syndicats, on ne se comprend plus. Et il n'y a pas là que le barrage de la langue...

Depuis environ deux mois et comme nous nous en sommes fait l’écho régulièrement, rien ne va plus à Howard Rotavator Loudun. Il y a d’abord eu les licenciements, concernant plusieurs dizaines de personnes... Puis, ceux qui ont été annoncés en plus, soit une trentaine dans les mois à venir... Cela entrainant une véritable dégradation à l’intérieur de l’entreprise. Mais ce n’était pas tout, puisque le mauvais feuilleton continue ainsi que s’en seront aperçus les représentants du personnel au cours d’un comité d’entreprise extraordinaire qui s’est déroulé ce jeudi.

Il devait en effet être question du transfert d’une partie des activités de Howard Loudun vers une usine allemande du même groupe, ce qui ne laissait pas d’inquiéter les salariés, lesquels pour renforcer l’autorité de leurs délégués, ont fait grève de 13 h à 15 h et les ont accompagnés jusqu’à la porte de la salle de réunion.

Là, premier problème, il s’est avéré que le P-DG du groupe - directeur général d’Howard France -, M. Sonne-Schmidt, ne parle pas français. Il a donc fallu chaque fois faire intervenir ses adjoints pour qu’un dialogue - difficile - puisse commencer de s’instaurer... Plus qu’un dialogue, cependant, ce sera pour M. Moulin, délégué, une conférence durant laquelle le P-DG qui dit ne pas comprendre la raison du mouvement de grève, explique comment l’entreprise fait des résultats en hausse, se porte de mieux en mieux et vie une éclaircie sans le moindre nuage... Et ce serait tout.

Ce serait tout si, interloqués, les salariés ne demandaient qu’on leur parle de l’unique raison pour laquelle s’est tenu le CEE, le transfert d’activités.

Là, pas de réponse. Non plus que concernant le nombre de machines qui seront déplacées, ni l’incidence que cela aura sur l’emploi. Pour M. Sonne-Schmidt, là n’est pas le problème. Il indiquera cependant que bientôt « tout sera beau, quand les vieilles machines seront virées et qu’il y aura beaucoup de place ! ». On serait inquiet à moins.

Et l’on va finir par savoir que si la chaudronnerie, la soudure et le montage doivent rester sur place, la mécanique, elle, passera à la sous-traitance courant 1989 vraisemblablement, tandis que pour la transmission et la boite, ce sera l’Allemagne à court terme, la perte devant porter sur 27.000 heures de production... Alors que 14.000 seulement avaient été annoncées. Petit calcul, cela représente un sixième de la charge globale, sans doute autant d’emplois.

M. Sonne-Schmidt est reparti vers la Grande-Bretagne où on l’attendait le jour même, a-t-il dit.

Les délégués ont serré les dents. Les salariés sont « remontés » disent-ils. Et ces modulations d’horaires « qu’on avait accepté pour sauver l’entreprise, elles pourraient bien être remises en cause. L’action va se poursuivre, c’est sûr, sous une forme ou une autre ».

Les grands groupes qui préparent 1992 ont leur stratégie. Howard Loudun n’est qu’un tout petit rouage au sein d’une très grosse affaire qui se ramifie un peu partout en Europe. Et dont les dirigeants ne semblent impressionnés ni par les obligations qui leur sont faites... Ni même par un maire-ministre.

C.A.

 

 

le 24/06/2024 à 18:53

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

métallurgie, groupe, licenciement, délocalisation, agriculture

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