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De nombreuses gares de marchandises menacées de disparition. La CGT s’inquiète...

Les Ormes, Dangé, Arcay. Martaizé, Chalandray, Latillé, St-Julien-l’Ars, Lhommaizé, Couhé-Vérac, Ligugé, St-Benoit : la liste des gares de marchandises menacées de disparition est encore longue (cf. encadré).

A l’initiative de la direction de la SNCF, 20 gares de marchandises de la Vienne (sur 40 recensées) font l’objet d’une étude pour une fermeture éventuelle. En réalité, s’indignaient récemment à Poitiers les représentants des cheminots CGT, des voies ont déjà été mises à l’index.

Or, le projet de suppression ne doit être présenté qu’en septembre au comité d’établissement. Certaines gares ne sont pas rentables pour la direction de la SNCF, qui a signé un contrat de plan avec l’État en 1985. « Les clauses en sont draconiennes, explique Claude Bouty, secrétaire de la Fédération nationale des cheminots CGT. L’entreprise doit avoir retrouvé l’équilibre de ses comptes à la fin 1989 ; d’où un cortège de mesures comme la diminution des effectifs, l’élimination de gares de marchandises, etc ».

« Parmi celles-ci, ajoute le syndicaliste, sont visées des gares qui ont une activité importante comme Ligugé, qui convoie des papiers-cartons de l’entreprise Ménigault. Si certaines marchent mal, observe la CGT, c’est en raison des prix dissuasifs pratiqués par la SNCF. En outre, le service n’est pas toujours à la hauteur car les hommes font défaut ».

Pour Simon Morillon, conducteur et élu CGT au CE régional, ces suppressions auront des répercussions sur les conditions de travail des cheminots : « L’agent de conduite est constamment seul. On ne voit plus personne dans les dépôts. Un de ces jours, prophétise-t-il, on sera commandé par des ordinateurs. Ça devient affreux ! ». Au danger de la lassitude, s’ajoute celui de l’inattention qui peut déboucher sur le gros pépin...

« Une entreprise en péril »

« Les usagers seront eux aussi perdants, affirme Francis Martin, secrétaire de l’Union départementale CGT. Le TGV Atlantique arrivera dans un désert. On diminue notre potentiel alors qu’il pourrait intéresser des industriels voulant s’installer dans le département ».

« En abandonnant le trafic marchandise aux transports privés, estime F. Martin, on transfère un risque sur les routes avec l’hécatombe que l’on connait, sans oublier les conditions de travail qui ne feront qu’empirer pour les routiers ».

Les syndiqués CGT ne cachent pas leur inquiétude : « On est en train de tuer notre entreprise, car actuellement on supprime les gares de marchandises mais aussi les agents derrière les guichets que l'on remplace par des distributeurs de billets. Un client de Ligugé qui veut aller à Paris doit tout d’abord prendre un billet Ligugé - Poitiers. Puis dans cette ville un autre billet Poitiers - Paris. » Des petites tracasseries qui dissuaderont nombre de voyageurs, selon nos interlocuteurs.

Autre service dans le collimateur : les bagages accompagnés, car « il s’est largement dégradé », reconnaît Claude Bouty, par manque de moyens.

On est arrivé à fragiliser tous les maillons de la chaîne, conclut-il. Il suffit d’un petit relâchement pour que la chaîne rompe, avec les catastrophes plus ou moins récentes qui en découlent.

« On brade le service public », répètent les cheminots, qui refusent la logique de la rentabilité et se disent attachés à un service public au service du public.

La rentrée syndicale devrait donc être chaude du côté de ces syndiqués. Pour leurs représentants : « Des actions syndicales ne sont pas exclues par rapport à la fermeture des gares... ».

Vingt gares en suspens

Vingt gares de marchandises sont mises à l’étude dans la Vienne sur les 40 existantes. Il s’agit de : Les Ormes, Dangé-St-Romain, Ingrandes, Dissay, Grand-Pont, Saint-Benoît, Ligugé, Couhé-Vérac, Arcay, Martaizé, Moncontour, St-Jean-de-Sauves, Loudun, Chalandray, Latillé, Avanton, Migné-les-Lourdines, St-Julien-l’Ars, Jardres, Lhommaizé.

Photo : Le train de mesures prises par la SNCF devrait toucher la gare de Ligugé