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1379112/09/1988CHATELLERAULT

LE TRAVAIL EN ÉQUIPE TOUJOURS EN QUESTION

Pas encore un conflit. Mais un problème se pose chez Jaeger. N’est-il pas déjà trop tard ?

Filiale du groupe Fiat depuis quelques années, l’entreprise Jaeger de Châtellerault était jusque-là spécialisée dans plusieurs domaines touchant à l’activité automobile : fabrication de composants électroniques pour les circuits des tableaux de bord, galvanomètres, tachygraphes... Tout ce qui mobilisait environ 700 salariés, personnel féminin en grande majorité. Évolution, Jaeger passe sous la coupe dernièrement du holding Magnetti-Marelli, premier fournisseur mondial de tableaux de bord et qui travaille en particulier pour Fiat, mais aussi PSA, Renault et Rover, entre autres... Le devenir de Jaeger devient dès lors autre de ce qu’il était prévu jusqu’à présent et, si l’on a déjà réalisé de forts investissements dans le domaine électronique au détriment de l’électro-mécanique, il apparait que cette tendance va se poursuivre et même nettement s’accentuer. L’automatisme prend le pas peu à peu sur la main de l’homme et dans ce cadre il est demandé à la direction locale de changer pour une bonne part les méthodes en cours. Ce qui signifie que, dans le domaine de l’électronique, là où jusqu’alors les employées bénéficiaient de cette avancée formidable que furent les horaires à la carte, il fallait désormais revenir à l’antique, à savoir, les journées continues, avec blocage obligatoire sur la matinée ou l’après-midi.

On imagine la réaction ! Auparavant en effet, on pouvait entrer à l’usine entre 6 h 45 et 8 h 45 ; prendre au moment du déjeuner entre trente-cinq minutes et une heure trente d’arrêt ; sortir le soir entre 15 h et 17 h 30... Et même moduler les fins de semaine en prenant l’avance, ou non... Là, d’un coup, comme un retour au Moyen-Age, le secteur concerné travaillera soit le matin, de 5 h 30 à 12 h 52, soit l’après-midi, de 12 h 52 à 20 h 14. Finis donc dès lors la vie de famille, les possibilités d’aller chercher les enfants à l’école, de les accompagner un tant soit peu dans leurs loisirs, et d’en disposer soi-même un minimum.

Il y a eu rejet. Tout du moins de la part de la CGT qui appelait ce vendredi matin à un débrayage d’une demi-heure, lequel, suivant les uns ou les autres, a été suivi par 50 ou 100 personnes. On s’étonnera du peu, dans tous les cas. Jusqu’à savoir cependant qu’en face des « horaires souples » existaient déjà des « en équipes » ... Et qu’en généralisant le nouveau système, on a accordé un mieux à ces derniers en les faisant sortir une demi-heure plus tôt qu’avant le midi, une heure plus tôt le soir. Ils ont donc voté des deux mains pour la nouvelle mesure, ce qui était bien normal. Et isole désormais celles qu’handicape totalement le travail en équipe.

La direction a accepté un petit recul, à savoir que les cas les plus sensibles seraient examinés avec soin. On craint cependant, côté salariés, que cela ne suffise pas, surtout dans la mesure où les emplois touchés concernent des femmes à 95 %. Alors, tandis que CFDT et CGC se taisent, la CGT conteste, la généralisation du travail en équipe ; demande, à ce que le CE qui a « été à peine informé » participe désormais aux négociations ; propose, que l’on mette sur pieds une véritable politique de volontariat, avec des améliorations à la clé - horaires moindres, primes plus élevées - pour celles qui accepteraient.

Jusqu’à présent, le compromis paraît peu évident même si l’on sait qu’en cas de réel équilibre des forces, il intervient toujours un jour ou l’autre. La CGT a demandé une réunion extraordinaire du CE. Elle appellera peut-être encore au débrayage.

Claude Aumon

 

 

le 01/07/2024 à 16:38

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

automobile, groupe, réorganisation, horaires, équipes

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