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1380223/09/1988PERSAC

LA PANTOUFLE S’ENDORT À PERSAC

Les salariés de « La Persacoise » ne sont pas payés depuis trois mois mais ils rencontrent aujourd’hui la gérante

L’atelier de pantoufles « La Persacoise » n’a pas son aspect habituel en ce jeudi. Nul bruit de machine mais des bruits de voix. Celles des ouvriers en discussions avec M. Dupraz, Directeur départemental de l’Inspection du travail et M. Pouzet, inspecteur. Eux sont dans les locaux de l’entreprise de Persac pour servir de médiateurs entre la gérante, Mme Anne-Marie Lachaume, et les salariés.

Trente-sept personnes qui devaient normalement reprendre le travail le 19 septembre dernier, après la période de congés (…). Mais à l’heure de l’embauche, quatorze ont été refoulées par la gérante : elles n’avaient pas reçu de lettre recommandée leurs demandant de reprendre le travail ! Lundi 19 et mardi 20, Madame Lachaume est venue à l’entreprise mais le lendemain des fournisseurs ont repris leur tissu faute d’avoir été réglés.

Pas de paie depuis trois mois

Car là se situent les difficultés de « La Persacoise » : des problèmes de trésorerie qui font que les salariés n’ont pas été payés depuis trois mois. « On a juste reçu un acompte de 1.000 F en juillet alors que la paie aurait dû tomber le 11 du mois », explique une ouvrière ». « Et vous savez, quand on gagne le SMIC, on ne peut rien mettre de côté », renchérit une autre. Pour ces salariés, dont trois couples qui viennent de Persac, Lussac, Queaux, la situation devient désespérée... « Hier, quand je suis rentrée chez moi, il y avait des nouilles et du lait devant la porte, raconte, les larmes aux yeux, une employée, « et j’avais honte. C’est vrai on n’est pas des clochards, c’est de l’argent qui nous est dû ». Mais en attendant « on ne nous fait plus crédit dans le bourg ».

C’est depuis le décès de Marcel Berlureau, le co-gérant de la SARL, en juillet dernier que la situation a brusquement changé. Si Ginette Berlureau, son épouse, a reçu en héritage 50 % des parts de l’entreprise, elle n’a aucun pouvoir de décision. « Et Mme Lachaume nous raconte n’importe quoi », disent en chœur les salariés qui ont déposé plainte aux Prud’hommes. La gérante quant à elle n’a pas voulu nous donner de précision hier soir au téléphone. Néanmoins, s’il existe bien un problème de trésorerie, les carnets de commande sont pleins jusqu'en novembre. Alors ?

Des salariés solidaires

Une réunion avec le sous-préfet de Montmorillon, Raphaël Bartolt, avait permis la semaine dernière de trouver un accord pour les salaires de juillet : le pool bancaire de quatre établissements financiers avait accordé un découvert de 160.000 F mais Mme Lachaume ne s’est pas servie de cette autorisation. Pourquoi ?

De même une association d’experts comptables, EGE et la société « Ouest Atlantic » qui devait établir un audit sur l’entreprise car la gérante avouait elle-même ne pas s’y retrouver, avaient été désignés lors de cette réunion. Le comptable qui s’est déplacé mercredi et « Ouest Atlantic » venu hier n’ont pas été reçus par Mme Lachaume. Pourquoi ?

Autant de questions qui trouveront peut-être une réponse aujourd’hui puisque M. Dupraz a obtenu de la gérante qu’elle se retrouve en présence de six salariés désignés par leurs collègues, à 14 heures à la sous-préfecture de Montmorillon.

En attendant, les machines qui peuvent sortir 3.400 paires de pantoufles par jour dorment ainsi que les piles de chaussons prêts à être expédiés dans les chaines de grands magasins et à l’étranger. Et les salariés ne savent pas ce qu’ils mangeront demain. « Evitez de vous scinder et restez calmes entre vous », leur a conseillé le directeur de l’Inspection du travail. Un conseil qu’ils avaient déjà fait leur. Tout en se montrant déterminés à ne pas reprendre le travail tant qu’ils n’auraient pas l’assurance de percevoir leurs salaires en retard.

Odile Moniot

 

 

le 01/07/2024 à 18:02

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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