1380323/09/1988LOUDUN
Le chômage, c’est à Loudun aussi : vingt-quatre mises en retraite et à la porte chez Séjalon
C’est en 1962 que fut créée sur le site de Loudun l’entreprise Séjalon, fabrique de meubles style imitation époques qui connaissait alors un assez beau succès, notamment pour ce qui concernait les chambres à coucher, bahuts, bibliothèques et accessoirement les autres éléments, une quarantaine au total par exemple pour le « Louis-Philippe »... Années 80, arrivent les premières difficultés, le départ du propriétaire d’alors et la reprise de l’unité par deux cadres, MM. Pasquerault et Cheny. Une nouvelle ère pour une usine qui dispose de près de 150 salariés et va afficher jusqu’a 72 millions de chiffre d’affaires en 1986, soit trois fois plus que lors de la reprise.
Tout va bien. Mais ça ne va pas durer et, fin 86, peut-être pour des raisons de mode, le chiffre baisse brusquement, les commandes chutent. Dans le même temps, la banque que l’on a contactée pour faire face, commence par accumuler les retards, offrant finalement beaucoup moins que prévu et plongeant l’unité dans l’impasse. C’est le dépôt de bilan obligatoire, la nomination d’un administrateur, en l’occurrence Me Monthier, et des ballons d’essai lancés en vue d’une éventuelle reprise.
Il n’y aura guère qu’un candidat sérieux, la Séribo, qui rappellera quelques souvenirs aux Châtelleraudais d’Isorex, mais alors que l’on croyait un accord possible, aucune suite ne sera donnée... Faute de repreneurs immédiats, on va donc s’acheminer, à Loudun comme ailleurs, vers un plan de restructuration, en clair la mise en pré-retraite - avec éventuellement contrats FNE - de 14 salariés à partir de 55 ans et surtout des demandes de licenciements pour dix employés de la « structure », autrement dit les administratifs et maîtrise.
Grâce à ce « dégraissage », les actionnaires principaux de Séjalon meubles qui va réaliser cette année environ 55 à 60 millions de chiffre avec un potentiel de 135 - ou 110 - personnes, espèrent en la pérennité d’une entreprise qui a fait ses preuves... Cela alors que la CFDT indique pour sa part dans un communiqué : « Trop c’est trop, et il est peut-être temps que nos élus favorisent l’implantation de nouvelles industries dans notre ville pour permettre au commerce et à l’emploi de se développer. Il est nécessaire de regarder vers le futur mais il ne faut pas oublier le présent, qui, pour neuf de nos collègues est synonyme de licenciements. Leur avenir, c’est le chômage et pour tant d’autres (quatorze), la perte du pouvoir d’achat. Nous savons que notre sérieux, notre travail et la reconnaissance de notre métier sont nos forces, dans le cadre d’une gestion saine et rigoureuse et c’est pourquoi nous ferons tout pour favoriser le reclassement des licenciés et la reprise de notre usine par un “repreneur” intéressé et sérieux.
La CFDT qui se dit abusée et par la municipalité et par les repreneurs s’estime fixée. Comme elle le fut il y a quelques mois chez Howard Rotavator Loudun lorsque plusieurs dizaines de personnes furent mises au chômage. Et que l’on ne sait toujours pas très bien quel avenir est réservé en définitive à cette entreprise.
Claude Aumon
le 01/07/2024 à 18:04
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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