1381101/10/1988POITIERS
Image insolite hier entre 13 heures et 14 heures, devant la Maison d’arrêt de Poitiers, faubourg du Pont-Neuf : une douzaine de gardiens de prison faisaient blocus devant la porte grise, deux ou trois distribuant des tracts aux automobilistes, plutôt surpris.
Cette action inhabituelle est à la mesure du ras-le-bol qui s’est emparé de la profession. Interdits de droit de grève, les syndiqués Force ouvrière et CGT ont lancé un mouvement de protestation qui a duré une heure. Selon un représentant syndical, 75 % du personnel participait à l’action (la maison d’arrêt compte trente-cinq surveillants).
Les gardiens de prison de Poitiers n’étaient pas les seuls à manifester hier. En fait, le mouvement a été lancé à la mi-septembre par les surveillants des Baumettes à Marseille. Ceux-ci accusent leur direction de laxisme envers les détenus. L’intersyndicale de Poitiers apporte son soutien aux « grévistes » marseillais. « Et elle réclame en outre que ne soient pas mis en place les parloirs du samedi, que les surveillants soient respectés tant par les détenus que par une certaine hiérarchie, que du personnel soit embauché pour limiter les heures supplémentaires, enfin, l’intersyndicale demande le paiement des heures supplémentaires qui n’ont pas été réglées depuis août 1988 ».
A Poitiers, le personnel de surveillance se plaint particulièrement de ses conditions de travail. En témoigne le texte distribué aux automobilistes :
« Alors que dans votre propre entourage il y a sûrement un ami, ou un membre de votre famille au chômage, pendant ce temps, les surveillants de la Maison d’arrêt de Poitiers effectuent des heures supplémentaires au détriment de leur repos et de leur vie familiale. En 1987, il a été payé pour 188.234 F d’heures supplémentaires. En 1988, nous avons déjà atteint les sommes de 1987. Cela va-t-il durer ? », concluent les gardiens mécontents.
Pour faire valoir leurs revendications, les syndiqués ont donc interdit l’entrée de la prison aux avocats, policiers et visiteurs des prisonniers pendant une heure. Ce mouvement sera reconduit ultérieurement, « de façon inopinée pour une durée indéterminée ». Toul dépendra du résultat des négociations menées actuellement à Paris.
Photo : Les gardiens de prison massés devant la porte de la Maison d’arrêt de Poitiers
le 01/07/2024 à 18:45
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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