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1381407/10/1988POITIERS

NOUVELLE POUSSÉE DE FIÈVRE

Les infirmières veulent être mieux traitées. Elles le disent dans la rue. Et réclament un remède efficace.

La revendication sociale, c’est - un peu - comme les pansements. Ça ne s’applique pas n’importe où, n’importe comment. Il faut apprendre, s’exercer. Les infirmier(e)s et aides soignant(e)s le découvrent en ce moment, sur le tas.

Mettez sur un plateau le CHRU, le centre hospitalier spécialisé et leurs antennes départementales ; ajoutez-y la CGT, la CFDT, FO, les autonomes, l’APSID (Association des Infirmières du Poitou-Charentes) et les partisans de la coordination nationale. Eh bien avec tout cela, il faut être doué pour poser un garrot solide et éviter l’hémorragie professionnelle !

Inutile de le cacher, il y a eu du mou à la manifestation unitaire d’hier matin à Poitiers. Dans les rangs, on parlait carrément de « récupération ». « L’équipe du CHRU est partie de Pasteur vers la préfecture ; celle du CHSV a mené une opération escargot depuis La Milétrie, avant d’effectuer la jonction au Pont-Neuf. Direction la préfecture.

Jean Coussirou en personne a reçu une délégation : il a compris d’autant mieux le problème, que sa fille est infirmière anesthésiste à l’hôpital Laennec de Paris.

Combien étaient-ils dans la rue ? Quatre cents environ. Ce qui signifie que, dans les établissements, un service minimum fonctionnait. « Sans que jamais la sécurité des malades ait été mise en jeu », explique-t-on à la direction du CHRU.

Dans cette cité médicale, par exemple, 50 % des dames qui soignent (soit 400 personnes !) ont suivi hier le mouvement.

Mais par roulement. Résultat : quarante infirmières seulement ont été requises à leur poste.

Rarement une revendication de fonctionnaires aura été aussi bien acceptée par le public en général, les clients-patients en particulier ; et même les « patrons ». A se demander d’ailleurs pourquoi nos championnes du thermomètre et de l’aiguille n’ont pas encore obtenu satisfaction.

Elles réclament :
- L’abrogation du décret de 1987 qui permet de se présenter au concours d’entrée dans les écoles d’infirmières sans le baccalauréat ; au contraire une formation à bac + 3 ;
- Une augmentation des effectifs. Les syndicats l’estiment à cent embauches, rien que pour le centre hospitalier spécialisé ;
- Un coup de pouce de 2.000 F aux salaires de base. Une infirmière gagne actuellement 5.600 F nets (avec les primes) en début de carrière, 8.700 F à la fin.

Ce n’est pas cher payer les jours et les nuits de dévouement…

Ph. Rivière

La feuille de température

Épidémie. - Les infirmières à domicile, les élèves du centre de formation de La Milétrie et certains para-médicaux ont apporté leur appui au mouvement.

Effets secondaires. - Les puéricultrices et aides-soignantes qui s’occupent des crèches de Poitiers s’associent, en partie, à la grève. Deux des pouponnières ont d’ailleurs fermé leurs portes hier : Bamby et Pigeon-Vole, dans la ZAC de Beaulieu.

Évolution. - Le personnel du centre hospitalier spécialisé tiendra une nouvelle assemblée générale, aujourd’hui vendredi à 13 h 30, afin de faire le point. Au CHRU, les infirmières ont décidé elles-aussi la poursuite de la grève. Aujourd’hui vendredi, elles occuperont de 9 h à 17 h les halles d’entrée de Jean-Bernard, des pavillons Beauchant et Camille-Guérin.

Photo : Des infirmières sur le billard des rues de Poitiers

 

le 01/07/2024 à 19:07

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

grève, infirmières, manifestation, participation

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