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1383521/10/1988POITIERS

LA FONCTION PUBLIQUE EN COLÈRE

Des manifestations fournies mais une participation moyenne

Une journée d’action, une journée pas comme les autres, c’était hier dans la fonction publique dont une partie manifestait son mécontentement sur le pavé de la rue ! Une partie seulement, car malgré les nombreux appels et le retentissement que la journée a pu avoir dans la région parisienne où les embarras occasionnés donnent une autre dimension, la mobilisation n’est restée que moyenne, voire au-dessous.

Dans la Vienne, ici et là, des défilés ont mis quelque animation dans les rues, partie visible de ce genre de journées dont on avait perdu l’habitude depuis quelques années.

Ainsi à Poitiers, la journée était partagée : CFDT et FO avaient choisi la matinée tandis que la CGT, la FEN et les étudiants s’octroyaient l’après-midi. De quoi faire deux belles manifestations qui empruntaient les rues du centre-ville avant de se disloquer devant la préfecture où des délégations étaient reçues au cabinet du préfet.

C’est de la maison du peuple, en fin de matinée, que partait le cortège CFDT-FO, composé d'environ 300 participants venant d’horizons très divers comme les communaux, le centre hospitalier, les services administratifs du centre spécialisé, la poste, le SGEN-CFDT, la Fédération autonome des syndicats de police...

Pour eux tous, un seul mot d’ordre : révision des salaires et des carrières tandis qu’au micro on clamait : « fonctionnaires en colère, des emplois pour la jeunesse ! », ou « finie la provocation, pas de négociation bidon », ou encore « Béré-Govoy, garde pas tout pour toi ! ».

A la CFDT, on s’attachait à rappeler que la perte du pouvoir d’achat, pour tous, va chercher de 8 à 10 % depuis 1982 pour les fonctionnaires. A l’échelon des bas salaires, c’est la suppression de la catégorie D qui était une nouvelle fois demandée tandis qu’on soulignait au passage une fois de plus que la grille des salaires des fonctionnaires date de... 1946 ! Sujet à l’ordre du jour également, celui de la formation qui ne représente qu’un pour cent de la masse salariale alors qu’à la CFDT on remarque qu’il est du double dans les PME.

Un exemple parmi d’autres

Au cabinet du préfet, c’est M. Roudil, directeur, qui recevait un peu avant midi, une délégation composée de représentants de la CFDT, de FO, de la Fédération autonome des syndicats de police, de la CGC, du Syndicat national unifié des Impôts.

A titre d'exemple, chez ces derniers, on fait ainsi ressortir qu’il est prévu 906 nouvelles suppressions d’emplois au budget 1989, à la Direction générale des Impôts. « La situation ainsi créée, explique-t-on au SNUI, compromet gravement l’égalité des citoyens devant l’impôt. Les conséquences se traduisent par des retards, des erreurs, des heures d’attente les jours de réception... ».

Mais ce type d’exemple, avec quelques variantes, était tout aussi bien développé par les cadres infirmiers du SNCH que par les différents syndicats CGT qui étaient réunis l’après-midi, également à la Maison du peuple et dénonçaient les mêmes carences, même si les revendications ne sont pas identiques.

Là, c’est Christian Lanneau, CGT PTT, qui prenait la parole au nom de l’Union départementale afin de faire le point dans la Vienne. Côté CGT, on condamne sans appel « la politique d’austérité de ce gouvernement » alors que ce sont « les salariés qui font tourner la machine économique et sociale ».

A la CGT, on fait aussi ressortir qu’au fil de ces dernières années, le travail est devenu plus complexe dans tous les domaines, d’où la nécessité d’un SMIC à 6.000 F minimum, revendication-phare du syndicat.

Contact était pris avec la FEN pour un défilé commun mais pour des questions d’horaires, chacun devait finalement manifester séparément jusqu’à la préfecture. Pour la FEN dont les adhérents réclament entre autres « un règlement indiciaire d’au moins 20 % que justifie pleinement l’élévation de nos qualifications et le rôle social déterminant de nos professions ». Ce sont là encore plus de 300 personnes qui étaient présentes.

Il s’agit, clamait-on lors de la prise de parole, de mettre en débat dans les établissements la gréve entre la rentrée de Toussaint et le 7 novembre, jour de la manifestation nationale à Paris, ainsi que les modalités de reconduction « pour le cas où nous ne serions pas entendus ! ».

Mais les syndiqués de la FEN qui étaient accompagnés hier d’une représentation de l’UNEF mettent aussi en avant qu’il faut continuer d’informer la profession et l’opinion publique « de la gravité de la situation et de l’urgence des besoins ».

Le centre de tri en tête

Les secteurs qui ont le mieux répondu hier aux appels auront été EDF, les hospitaliers, les PTT. Ces trois domaines restant malgré tout dans des proportions relativement faibles. Tous les records ont par contre été détenus par le centre de tri PTT (plus de 70 % de grévistes !) qui connaît par contre des problèmes spécifiques.

Dans l’enseignement, certaines écoles ont été fermées mais on estime que les taux étaient de 50 % dans le secondaire et de 40 % dans le primaire. 45 % ont été relevés dans les finances, tandis que le pourcentage était plutôt faible à la SNCF où 75 % des grandes lignes étaient assurées et 40 % pour les lignes régionales. Enfin, côté Équipement et surtout Sécurité sociale, le mouvement n’a pratiquement pas été suivi, de même qu’à la préfecture...

Photo : Hier matin dans la rue Gambetta banderoles à touche-touche pour la première manifestation CFDT-FO. Le scénario était rejoué l’après-midi en en peu plus, fourni avec la CGT et la FEN

 

 

le 02/07/2024 à 19:05

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

fonction publique, éducation, hospitaliers, PTT, slogan

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