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Une fois n'est pas coutume : les surveillants de la prison de Poitiers se sont payés une bonne tranche de soleil, hier, sur le trottoir de La Pierre-Levée. Elle s’inscrivait dans le cadre du mouvement lancé au plan national à la suite de la présentation du rapport Bonnemaison qui ne donne pas satisfaction aux intéressés.

Jusqu’à présent, les matons de Poitiers (une cinquantaine) étaient restés calmes. Invisibles même. Mais les discussions de Paris semblant piétiner, ils ont décidé hier une petite manifestation symbolique à l’heure du café. L’heure, en principe, où il ne se passe rien : pas d’entrée, pas de levée d’écrou, de sorte que la gêne était nulle. « Notre but n’est pas de bloquer l’établissement » précise Laurent Manceau, délégué FO. On a enfilé pour la circonstance les parkas sur les pantalons bleu marine, les blousons qui complètent l’uniforme étant restés au vestiaire avec l’étoile à cinq branches de la pénitentiaire. Et on passe en revue les doléances du moment : insuffisance des effectifs, mauvaise organisation du service, bonification du 1/5^e (qui permettrait de gagner une annuité par cinq années de travail)… « Vous prenez rendez-vous chez le pédiatre, le notaire et le dentiste, donne comme exemple un gardien : au dernier moment vous serez obligé de décommander à cause d’un changement de service ». Récrimination également à propos des congés d’été qui sont étalés d’avril à octobre : « Vous vous baignez en avril, vous ? ». On estime dans l’ensemble que le rapport Bonnemaison fait la part trop belle aux détenus les parloirs libres (qui existent déjà), les parloirs sexuels (envisagés), ils ne sont pas contre mais il ne faudrait pas que chaque innovation empiète sur les heures sup.

Sur le ton de la confidence, le surveillant vous dira aussi son mal de vivre, son recul au moment de franchir la porte d’entrée, les tracasseries de l’encadrement : « On est plus em.. par les chefs que par les voyous ! ».

Michel Lévêque