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M. Bernard Bouchet, de Poitiers, ingénieur CNRS, docteur d’État, membre CGT du conseil économique et social, tient à rendre publique la lettre qu’il a adressée hier à M. Ivan Barbot, préfet de région, par ailleurs président d’Interpol.

« Monsieur le Préfet,

« J’ai l’honneur de décliner votre invitation à célébrer le Bicentenaire de la Révolution française.

« Après le procès de Patrick Chatet et de Gilbert Lacourcelle, après votre déclaration assimilant les militants de la CGT à des casseurs, je n’y ai pas ma place.

« Si les libertés syndicales étaient concrètement respectées chez Aubin, les salariés, qui dans le secret des urnes votent les délégués CGT, auraient pu manifester leur soutien, publiquement : c’est clair, ils n’ont pas bougé, par peur, en 1989, de perdre leur emploi.

« Avec mon épouse, nous étions venus montrer notre solidarité avec ces deux salariés accusés ; vers 9 heures, alors que rien ne le justifiait, la police nous a empêché d’entrer, puis, après environ un quart d’heure, a filtré une quarantaine de personnes et ensuite a bouclé l’entrée. Nous nous étions mis à l’écart. C’était le début de la provocation.

« Lorsque nous sommes revenus vers 11 heures, nous étions en bas, nous avons vu sortir de la salle une épaisse fumée, les militants sont sortis par portes et fenêtres. Il y a eu une prise de parole, quelques cris et nous avons vu sortir les policiers, genoux en terre ils nous ont visés, ils ont tiré des grenades, à tir tendu ! Ecœurés, nous sommes partis.

« Ensuite les policiers ont arrosé le quartier, c'est ce que j’ai vu en regagnant ma voiture.

« Monsieur le Préfet. des policiers tirent inconsidérément, ils sont acquittés ; les protagonistes de l’affaire Luchaire qui ont fait vendre des engins de mort sont blanchis dans le même temps des syndicalistes sont traités comme des casseurs et des “droits communs”.

« C’est avec regret et amertume que je constate que dans cette période de 1989 nous ne pouvons célébrer ensemble la même Révolution avec ses idéaux de justice et d’égalité ».